Intervention de Léo Walter

Séance en hémicycle du mercredi 3 mai 2023 à 15h00
Répression du mouvement social contre la réforme des retraites

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLéo Walter :

Lorsque la doctrine de maintien de l'ordre de Gérald Darmanin est critiquée, que ce soit sur ces bancs, au sein du Conseil des droits de l'homme de l'ONU ou de la part de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, sa réponse est toujours la même, et c'est d'ailleurs celle que vous venez de nous donner : malgré l'évidence, il nie systématiquement toute violence policière, tout en la justifiant – périlleuse pirouette rhétorique – comme réponse à la violence d'en face.

Le 30 mars, j'étais à Savines-le-Lac avec de nombreux manifestants des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence : des syndicalistes et des citoyens voulant signifier à Emmanuel Macron que la page de son inutile et injuste réforme des retraites n'était pas tournée ; des agriculteurs venus affirmer que la question de l'eau valait mieux qu'une diversion présidentielle.

Lorsque je suis arrivé sur place, après avoir passé un à un les barrages qui bunkérisaient cette paisible commune de 1 000 habitants, j'ai pu constater que les très nombreux policiers et gendarmes avaient repoussé les manifestants sur un parking et annoncé qu'ils feraient usage de lacrymogènes pour disperser l'attroupement – qui ne pouvait pourtant l'être puisque les manifestants s'étaient retrouvés pris dans une nasse. À la suite de mon intervention, ils y ont finalement renoncé.

Les nasses étant illégales, ainsi que l'a confirmé le Conseil d'État en 2020, j'aimerais savoir comment vous qualifiez un dispositif par lequel des manifestants sont entièrement encerclés, avec interdiction de sortir. Je souligne qu'un tel dispositif a été maintenu pendant plus de quatre heures à Savines-le-Lac face à des citoyens pourtant tout à fait pacifiques.

Sans aucune autre raison que celle de dissimuler la manifestation au regard du Président, CRS et gendarmes ont repoussé violemment les manifestants dans une zone située au-delà de leurs véhicules, où ils ont ensuite été parqués pendant plus de trois heures. Face à cette scène surréaliste, les agents présents m'ont dit leur incompréhension. Ce déploiement policier disproportionné et cet usage inutile de la force lors d'une manifestation pacifique sont sans aucune commune mesure avec la répression constatée dans les grandes villes, mais ils battent en brèche votre argumentaire.

Mes questions sont les suivantes : quels étaient les ordres donnés aux forces de l'ordre ce jour-là ? Quelle justification pouvez-vous apporter à ce dispositif de maintien de l'ordre et à ces consignes absurdes ? Que protégiez-vous à Savines : le droit de manifester ou le récit présidentiel ?

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