Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 7 décembre 2016 à 15h00
Questions au gouvernement — Montée des populismes en europe

Bernard Cazeneuve, Premier ministre :

Monsieur le député, votre question renvoie à des sujets essentiels, non seulement celui de la montée des populismes mais aussi celui d’une forme de désespérance en Europe : la situation de nombreux pays, telle que vous l’avez égrenée, montre que des interrogations existent, auxquelles les peuples européens ne trouvent pas de réponse. Ni son projet ni celui des gouvernements européens ne leur permettent de donner un sens et une direction à l’Union européenne.

C’est la raison pour laquelle, comme vous nous y invitez, et nous le faisons, nous devons absolument agir au sein de l’Union européenne afin que ses grandes politiques soient visibles et que l’Europe fasse sens. Sur quels sujets devons-nous nous mobiliser ?

Il faut d’abord agir sur la croissance – après l’impulsion donnée par le Président de la République, Michel Sapin est en première ligne sur ce sujet – non seulement dans le cadre du plan Juncker, mais encore en matière d’innovation, de recherche ou encore des investissements structurants dont l’Europe a besoin afin de progresser en ce qui concerne le développement durable, les transports du futur et le développement de l’économie de demain, notamment l’équipement en infrastructures numériques de l’ensemble de l’Union.

Il est évident que, si les citoyens de l’Union européenne étaient plus conscients et certains des opportunités que l’Europe offre dans tous ces champs renvoyant à l’essentiel, c’est-à-dire à la préparation de l’avenir, ils trouveraient un sens qui conduirait à réduire les populismes.

Un second élément est fondamental : l’Europe a besoin de protection. Lorsque j’étais ministre de l’intérieur, j’ai pu constater, comme Manuel Valls à cette même responsabilité, que des mois entiers de négociation étaient nécessaires, au sein du Conseil Justice et affaires intérieures, du Conseil européen puis du trilogue, pour prendre des décisions urgentes dont l’Europe a besoin pour assurer la protection de ses frontières extérieures ou encore réformer le point 2 de l’article 7 du code frontières Schengen.

Alors, oui, il y a urgence à avancer sur ces sujets. L’Europe doit protéger nos concitoyens, en contrôlant mieux ses frontières extérieures, en accélérant la montée en puissance de Frontex, en luttant contre la fraude documentaire, en alimentant le système d’information Schengen et en connectant le fichier Schengen à l’ensemble des autres fichiers.

Il faut aussi protéger notre propre modèle de développement européen, notre modèle social. Les règles qui s’appliquent aux travailleurs détachés conduisent à un véritable dumping social. Dans ce domaine, ce qu’ont fait le Président de la République, mon prédécesseur, Matthias Fekl ou le ministre des affaires étrangères pour définir une position extrêmement claire sur le traité de libre-échange transatlantique tout en faisant profiter notre économie d’opportunités, comme les accords de libre-échange avec le Canada, tout cela donne du sens à l’action de l’Union européenne.

Nous ne combattrons donc les populismes que si nous pouvons donner du sens, un sens qui crée de l’espérance pour l’Europe.

Ce gouvernement, sous l’autorité du Président de la République, agira sans trêve pour que cela soit possible, que cela soit perçu et pour que les populismes, qui constituent une impasse, parce qu’ils ne présentent aucune solution, ne puissent pas imposer l’absurdité de leur message en Europe.

1 commentaire :

Le 08/12/2016 à 10:14, Laïc1 a dit :

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"Nous ne combattrons donc les populismes que si nous pouvons donner du sens, un sens qui crée de l’espérance pour l’Europe."

Et le sens, c'est d'associer les citoyens à la gouvernance de leur pays, par de nombreux référendums à tous les niveaux, niveau communal, départemental, régional, national.

Sinon, le citoyen se dit qu'il est gouverné comme un mouton, comme un animal qui ne pense pas et ne parle pas, (le pouvoir pense et parle systématiquement pour lui...) et que peut-on attendre autre chose d'un animal que des réactions primaires et seulement raisonnées par l'assouvissement des instincts premiers ? De là vient le rabaissement, la désespérance, et le citoyen se tourne alors vers le populisme agressif, puisqu'il est considéré lui-même comme animal agressif. Il est ainsi normal qu'il se reconnaisse dans les partis qui vont flatter ses instincts agressifs, flattés par l'absence de démocratie réelle.

La sollicitation de la réflexion construit la civilisation, la négation de la réflexion suscite le retour à la barbarie et le développement des populismes irresponsables et agressifs.

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