Intervention de Hervé Mariton

Séance en hémicycle du 6 février 2013 à 15h00
Projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe — Rappel au règlement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Mariton :

Il est vrai, monsieur le président, que nous n'avons pas eu le bonheur de siéger sous votre autorité hier soir.

Nous sommes aujourd'hui le 6 février. Dans la vie de la République et dans la vie de notre assemblée, ce n'est pas tout à fait une date comme une autre. Le 6 février 1934, des militants d'extrême droite, mais aussi des anciens combattants proches de l'extrême droite et du parti communiste, ont mis en danger notre assemblée, la démocratie et la République. Ce furent des heures tragiques, qui se soldèrent par de nombreuses victimes.

Nul ne l'a évoqué et c'est dommage, car le 6 février est une date importante. C'est pourquoi, alors que nous nous remémorons la gravité des événements du 6 février 1934, nous devons nous efforcer, quand cela est possible, de trouver des formes de rassemblement et de consensus. Je vous ai cité hier, mesdames, messieurs, ces jolies paroles de Guy Béart : « Si la France se mariait avec elle-même Si enfin un jour elle se disait “Je t'aime” Elle inventerait la ronde Qui entraînerait le monde. »

Chaque pays a, sur la question dont nous parlons aujourd'hui, des réponses différentes, et les mots cachent souvent des réalités juridiques et humaines diverses. Ainsi, ce qui a été voté hier aux Communes n'a rien à voir avec ce dont nous débattons aujourd'hui ; rappelons que l'Angleterre est un pays de religion d'État.

Alors oui, je suis convaincu qu'il était possible de trouver dans notre pays un consensus pour apporter une meilleure réponse aux couples de personnes de même sexe et aux enfants dont ils ont parfois la charge.

C'est aussi cela, le message du 6 février 1934 : un appel au consensus, la nécessité de poser des limites aux divergences partisanes, face à des enjeux d'une nature supérieure.

Il y eut le 6 février 34 et la réponse de la République, hélas guère suffisante ; il y eut ensuite l'unité du Conseil national de la Résistance, qui portait une certaine vision de la famille. Il est triste qu'aujourd'hui, sur un sujet où le Gouvernement aurait pu accepter le consensus, il ait fait le choix de le récuser.

Mesdames et messieurs de la majorité, vous avez encore cette possibilité, au cours des lectures successives de ce texte, qui occuperont le Parlement jusqu'au printemps. S'il vous plaît, entendez le message du 6 février ! Lorsque le consensus permet la démocratie et que la démocratie permet le consensus, que cette voie ne soit pas récusée ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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