Intervention de Jean-Jacques Candelier

Séance en hémicycle du 29 mai 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

Monsieur le ministre, dans la mesure où le nucléaire confère à la France une place de choix au Conseil de sécurité de l'ONU, il peut avoir un intérêt, mais ce serait justifier un ordre international injuste, fondé sur la loi du plus fort. Et pour ce qui est de garantir notre sécurité, la chose est beaucoup plus contestable. La réalité des nouveaux conflits ne rend-elle pas grandement caduque la force de frappe nucléaire ? Ce n'est pas elle qui défendra nos soldats envoyés à l'étranger ! À aucun moment, l'arme nucléaire n'a évité les attentats. Par ailleurs, est-on sûr que la dissuasion joue face à un État fanatisé ? Il convient de se pencher sur le dogme du nucléaire, comme l'a fait Paul Quilès. Les communistes réaffirment leur objectif d'un désarmement nucléaire multilatéral et général. La lutte contre la prolifération nucléaire ne peut être menée avec des moyens de coercition militaire. L'histoire l'a montré, il n'existe pas de prolifération nucléaire en général, mais des proliférations particulières, liées à des conflits précis : Iran, Corée du Nord et Israël.

Après avoir mis fin à notre composante terrestre, nous pourrions démanteler notre composante aérienne. En effet, elle porte le germe d'une utilisation sur le champ de bataille ou dans le cadre de « frappe préventive contre des états voyous », comme le disait Nicolas Sarkozy. La composante aérienne contribue faiblement à la sanctuarisation du territoire, ainsi que l'a montré la levée de l'alerte nucléaire aérienne permanente des Mirage 2000N pendant la guerre de Libye. De plus, en cas de tension internationale, elle peut devenir un facteur très dangereux d'escalade : du fait de son extrême polyvalence, un Rafale porteur d'un « pod » de reconnaissance envoyé en territoire hostile pourrait être confondu avec un Rafale armé d'un missile air-sol moyenne portée. En revanche, tenant compte de la réalité du monde, nous maintiendrions à court terme la force nucléaire stratégique, avec une patrouille permanente d'un sous-marin lanceur d'engin stratégique.

Je vous laisse le soin, monsieur le ministre, d'essayer de me convaincre !

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