Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du 2 octobre 2012 à 15h00
Déclaration du gouvernement en application de l'article 50-1 de la constitution sur les nouvelles perspectives européennes et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

J'ai eu ici même, au lendemain du Conseil européen des 28 et 29 juin, l'occasion de dire la satisfaction des écologistes de voir enfin infléchie la logique exclusive d'austérité. Le plan d'investissement européen, annoncé lors de la campagne présidentielle, qui a trouvé une première concrétisation, constitue une bonne nouvelle. Il demeure à nos yeux très loin, quantitativement et qualitativement, de ce qui serait nécessaire pour engager cette transition écologique de l'économie que nous appelons de nos voeux et qui est la seule perspective de développement crédible et durable. Mais c'est un premier pas et, pour des Européens convaincus comme nous le sommes, seule compte une question : les pas, si petits soient-ils, sont-ils une opportunité pour avancer dans la bonne direction ? C'est cette question, pragmatique, qui guide nos positions, et qui justifie – ou non – notre soutien. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

Nous avons noté également avec un grand intérêt les engagements relatifs à la supervision bancaire et à la mise en place d'une taxe sur les transactions financières.

Ces deux questions ont occupé nos eurodéputés, qui en sont devenus des spécialistes. Elles ont été portées dans les parlements nationaux par les écologistes, sans exception. Ici même, au cours du dernier mandat, nous avons déposé des amendements nombreux pour avancer sur ces questions. Les voir aujourd'hui sur le point d'aboutir constitue un motif de satisfaction. Encore faudra-t-il les traduire en actes concrets : à ce rendez-vous-là, n'en doutez pas, les écologistes seront présents !

De même, on ne peut que saluer la décision récente de la BCE de racheter, sans limite préfixée, des obligations d'État en abandonnant son statut de créancier privilégié, qui annihilait en partie l'effet de cette opération lors des plans précédents. C'est une rupture utile avec la doctrine inflexible qui prévalait auparavant, et une juste prise en compte du principe de réalité. On peut d'ailleurs noter que cette décision est en rupture avec l'esprit du TSCG.

Ces avancées sont utiles, mais elles restent, à nos yeux, insuffisantes car il demeure de nombreux points sur lesquels l'Europe doit bouger, fût-ce à petits pas, faute de quoi elle risque de se perdre et de perdre le soutien des opinions publiques.

Nous constatons l'inflexibilité des institutions européennes sur la question cruciale de la mutualisation, pourtant indispensable, des dettes publiques. Aussi utile qu'elle puisse être, l'intervention de la BCE ne saurait se substituer à la responsabilité des États de l'Union européenne. Or, le « chacun pour soi » demeure encore la règle, une règle d'autant plus insupportable qu'elle va se doubler désormais d'une autre règle, qui sera, non pas d'or, mais d'airain, si elle n'a pas pour corollaire une véritable solidarité entre tous les pays de la zone euro.

S'agissant de cette inéluctable mutualisation, au moins partielle, des dettes souveraines, la seule incertitude réside dans le moment. Plus ce moment viendra rapidement, mieux nous serons en mesure d'affronter la crise. Toutefois, la seule solidarité budgétaire ne suffira pas. C'est pourquoi nous soutenons la proposition de créer rapidement un fonds européen d'assurance chômage afin d'intervenir en urgence dans des pays où, comme en Grèce, les citoyens sont confrontés à la disparition de tout un modèle social. Cette proposition, qui vise à compléter un dispositif aujourd'hui partiel, a été relancée il y a quelques heures par José Manuel Barroso. Nous attendons de la France qu'elle dise : « Chiche ! » et soutienne la Commission européenne face aux réticences britanniques ou néerlandaises.

Ainsi que je l'indiquais il y a quelques instants, le dimensionnement budgétaire du pacte de croissance demeure très faible ; il est, du reste, encore incertain. Sur ce point encore, il nous faudra avancer, si possible à grands pas, compte tenu du déficit de croissance de notre continent. L'Europe a dès aujourd'hui un besoin urgent d'investissements qui préparent l'avenir, car seuls ces investissements peuvent réenclencher une dynamique vertueuse de création d'emplois durables.

Certes, la France a des capacités d'investissement ; je pense notamment à la suppression des milliards d'euros de niches fiscales anti-écologiques ou à la réorientation des fonds publics vers des investissements utiles aux citoyens qui permettraient de faire face aux crises énergétique et climatique. Mais c'est réellement à l'échelle européenne que peuvent se structurer de grands projets d'investissement dans les renouvelables, le bâtiment ou les transports. Communauté européenne de l'énergie, plan transports : des propositions ou des pistes d'action sont déjà sur la table. Explorez-les, entraînez-y nos partenaires, et vous trouverez dans les écologistes des partenaires actifs et déterminés.

Au chapitre des chantiers qu'il convient d'ouvrir figure également la nécessité de dégager de nouvelles recettes pour le budget européen. La taxe sur les transactions financières est un premier pas significatif ; il conviendra de l'étendre. De même, nous soutiendrons toute initiative française visant à mettre en place une contribution climat énergie européenne.

Au-delà de ces mesures techniques essentielles, il y a plus : il y a le projet européen, qui doit redevenir un projet réellement démocratique. Monsieur le Premier ministre, l'Allemagne a récemment émis l'idée d'une nouvelle réflexion sur le fonctionnement de nos institutions européennes. Nul n'ignore le caractère en partie artificiel de cette suggestion, qui peut parfois cacher une volonté réitérée de placer les pays européens sous le joug de règles automatiques. Mais nul ne peut laisser cette proposition sans suite,…

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