Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 15h00
Questions au gouvernement — Marseille

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Je reviens en effet, monsieur le député, de Marseille. J'y ai vu une attente formidable, extraordinaire. J'y ai vu des problèmes, j'y ai vu des reculs, j'y ai vu parfois des renoncements, des faiblesses, des fautes. (« Guérini ! » sur les bancs du groupe UMP.) Mais j'y ai vu aussi de l'énergie, de l'intelligence, des capacités.

C'est le rendez-vous que le Gouvernement, après la réunion du comité interministériel, propose aux Marseillaises et aux Marseillais, à tous les acteurs – politiques, économiques, sociaux, universitaires, culturels – de ce grand pays de Marseille-Provence. C'est le rendez-vous que l'État donne à toute cette région. Nous voulons ensemble relever le défi du développement.

Cela passe par le retour de l'État, par l'affirmation, oui, de l'autorité de l'État. C'est pour cela qu'en matière de sécurité, nous ne pouvons pas nous contenter d'ajouter des chiffres à des chiffres. Nous prenons le problème à bras-le-corps, par la création, après celle de Paris, d'une préfecture de police de plein exercice, et cela sur l'ensemble du territoire des Bouches-du-Rhône.

Cela témoigne de notre volonté très forte d'apporter les moyens humains, professionnels, mais aussi avec un objectif – qui est celui de la police, de la gendarmerie et de la justice : s'attaquer non seulement à la petite délinquance, mais à la racine du mal, c'est-à-dire à la criminalité organisée, par l'investigation, par la recherche des coupables, par des jugements qui mettront fin à la politique des bandes, pour que l'État et la République reconquièrent le territoire. (« Guérini ! » sur les bancs du groupe UMP.) Voilà la volonté du Gouvernement : le retour de l'État, à Marseille comme sur l'ensemble du territoire national.

Bien sûr que le Gouvernement continuera de lutter avec la plus grande fermeté, beaucoup plus qu'auparavant, contre toutes les formes de criminalité, et notamment la criminalité économique, financière, et la corruption. (« Guérini ! » sur les bancs du groupe UMP.) Il n'y aura aucune faiblesse, pour qui que ce soit, dans le public comme dans le privé. Voilà l'engagement du Gouvernement.

Mais par contre, et vous l'avez également dit, monsieur Urvoas, j'y ai vu beaucoup de pauvreté, beaucoup de découragement, beaucoup de lassitude. Il n'est pas acceptable que la France laisse à l'abandon une partie importante de la population. Dans les quartiers nord de Marseille, j'ai rencontré en fin de matinée des jeunes, qui veulent s'en sortir, qui font l'effort de la formation, qui veulent trouver un métier. Mais pour eux, il faut aussi un projet, un projet global de développement d'une grande métropole, qui doit sortir de ses divisions. C'est la proposition du Gouvernement.

Est-il normal qu'il y ait encore à Marseille dix autorités organisatrices de transport, sans plan de déplacements urbains ? Quand un ouvrier de Marseille trouve un emploi à Fos, il est obligé de prendre sa voiture, de dépenser 400 euros par mois pour pouvoir aller au travail. Ce qu'il faut, c'est une grande ambition de transports publics. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.) Pour cela, il faut que tout le monde se mette d'accord, et, si nécessaire, par la loi, le Gouvernement prendra ses responsabilités. (Mêmes mouvements.)

Voilà ce que j'ai dit aux responsables politiques, économiques, associatifs, universitaires que j'ai rencontrés. Le mouvement est engagé. Demain, le Conseil des ministres nommera le préfet de police. Il nommera aussi le préfet à l'égalité des chances, pour relancer la politique de la ville. Et j'ai dit aussi à tous mes interlocuteurs ce que l'Assemblée nationale et le Sénat vont voter : les emplois d'avenir, les contrats de génération, la politique du logement. Je compte sur vous, monsieur le président du conseil régional, Michel Vauzelle, et sur l'ensemble des élus, l'ensemble des responsables territoriaux, pour que vous soyez le relais de cette ambition.

Marseille a un avenir. La France ne l'oubliera pas. Le Gouvernement est à ses côtés, parce que la France a besoin de Marseille. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP, et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)

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