Intervention de Jean-Louis Peyraud

Réunion du 1er octobre 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Jean-Louis Peyraud, chargé de mission-direction scientifique « agriculture » de l'INRA, Institut national de la recherche agronomique :

Vous nous avez interrogés sur les fermes des lycées agricoles.

Dans un objectif de formation, je considère qu'il y a sûrement lieu d'utiliser plus et mieux les fermes des lycées agricoles dans les cursus d'enseignement : ce sont des lieux privilégiés de travaux dirigés pour les étudiants ou les élèves ; et aussi des lieux de recueil et d'analyse de données.

Dans un objectif pédagogique, je considère que ce qui se fait dans une ferme de lycée agricole permet l'imprégnation progressive des apprenants sur de nouvelles façons de faire. Aujourd'hui, les changements vers l'agro-écologie sont freinés par les anciennes façons de penser. Par le passé, on a fait des progrès autrement, et, aujourd'hui, il faut reprendre la question à la base. D'où l'intérêt de passer par ces fermes des lycées agricoles, qui ont, par ailleurs, le mérite d'être assez nombreuses par rapport aux dispositifs expérimentaux – ceux de l'INRA, par exemple.

Enfin, les fermes des lycées agricoles sont un lieu de démonstration pour les visiteurs, par exemple les parents d'élèves.

Je considère donc qu'elles contribueront grandement à l'émergence de systèmes plus agro-écologiques.

Par ailleurs, on voit bien aujourd'hui qu'il faut s'engager vers des approches systémiques. Je ne reviens pas sur l'évaluation multicritères, ni sur les trade-off entre performances. Reste que si on concilie productivité et environnement, cela peut avoir un impact négatif sur le travail ou les investissements. Comment le faire toucher du doigt à toutes les personnes concernées, et comment raisonner sur ces questions ?

En outre, il faut potentialiser notre dispositif dans tous les territoires, en particulier dans les DOM. Les essais systèmes sont très lourds. Je suis convaincu, pour en avoir fait, que la modélisation apporte des réponses. Mais on ne peut pas se contenter de systèmes modélisés sur ordinateur. Un jour, il faut procéder à des tests en vraie grandeur. Mais ces tests sont également très lourds et on ne peut pas les multiplier sur les sites. Voilà pourquoi il faudrait réussir à mettre ces sites en réseau. Bien sûr, cela dépend de la capacité d'investissement de chacun ; tous les lycées n'ont pas la même. Malgré tout, il serait bon d'y réfléchir. Au-delà de la démonstration, il faut de l'expérimentation. On apprend en faisant. On ne fera pas tout par de l'analyse multicritères et de la modélisation sur ordinateur. Il faut bien, à un moment donné, tremper dans la réalité concrète de ces systèmes.

Encore une fois, nous sommes à une période où il faudra faire des arbitrages entre les différentes performances pour choisir ce que l'on veut faire. Et ce que l'on veut faire sera probablement différent selon les territoires. Les équilibres à trouver seront également différents, et il nous faudra multiplier les sites d'observation – avec quelques contrôles minimaux.

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