Intervention de Marwan Lahoud

Réunion du 16 octobre 2013 à 9h30
Commission des affaires économiques

Marwan Lahoud, président d'EADS France et directeur général délégué du groupe EADS :

, président d'EADS France et directeur général délégué du groupe EADS. Ni l'un ni l'autre. Certains équipements sont en mono-source, parfois chez de tout petits fournisseurs, surveillés comme le lait sur le feu. Nous devons nous assurer qu'il n'y aura pas de défaillance dans la filière, le client en rendant responsable l'avionneur et non le fournisseur, qu'il ne connaît pas. Il nous est arrivé d'intervenir financièrement chez des fournisseurs, en capital, pour éviter les défaillances. Cela doit rester l'exception – sinon, ce serait antiéconomique pour tout le monde – mais nous n'hésitons pas à intervenir pour maintenir la cadence.

Pour l'aéronautique mondiale, aujourd'hui, la ressource rare n'est pas la finance, ce sont les emplois qualifiés. Nous cherchons partout à renouveler nos équipes, pas seulement en ingénieurs, mais en techniciens et ouvriers spécialisés – par exemple des chaudronniers. Une action très profonde est lancée à la fois au niveau du groupe et au niveau du Gifas. Nous avons lancé, avec le commissariat général à l'investissement, un projet dit « performance industrielle » concernant 400 sous-traitants « critiques », la profession investissant 15 millions d'euros dans la formation, l'échange de bonnes pratiques et l'échange de moyens informatiques et logiciels. Un certain nombre d'actions au niveau régional ont également été lancées, avec l'Éducation nationale, pour orienter la formation des lycées professionnels vers des spécialités qui servent à l'aéronautique. Nous avons du mal à développer ces actions, qui dépendent beaucoup des collectivités concernées.

S'agissant de la dissuasion nucléaire, et de sa protection au sein d'Airbus défense et espace, la situation est assez proche de celle en vigueur au sein d'Astrium et du groupe EADS. Il y a une convention branche-missile-balistique, dite BMB, qui lie l'entreprise à l'État et définit le mode de gouvernance de la dissuasion nucléaire. En pratique, seuls des citoyens français habilités prennent place dans la chaîne de commandement, sous la responsabilité du français le plus haut gradé du groupe. En d'autres termes, je suis, actuellement, le décisionnaire en dernier ressort. A l'évidence, je tiens informé le Président du groupe EADS, M. Enders, mais sans entrer dans les détails.

J'en viens à présent à la question des transferts de technologies. Il faut le reconnaître, le transfert de technologies est incontournable. L'ancien directeur général du groupe British Aerospace avait coutume de dire que chaque vente d'un avion avait pour corollaire l'achat d'une usine. Bien évidemment, nous essayons autant que faire se peut de limiter les transferts de technologies. Néanmoins, les parlementaires que vous êtes le comprendront aisément, dès lors que de l'argent public est investi, tous les États sont demandeurs de tels transferts en vue de garantir le développement industriel de leurs territoires. Notre stratégie consiste à conserver une structure industrielle cohérente et, jusqu'à présent, je tiens à souligner que nous ne nous sentons pas dépassés par les événements à ce sujet.

Concernant le paysage concurrentiel, la situation est bien connue sur le marché de l'aviation civile : Boeing est toujours présent tandis qu'apparaissent de nouveaux acteurs en provenance de Chine ou du Brésil par exemple. D'après moi, le constructeur aéronautique chinois - Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC) – sera en mesure de répondre de manière compétitive à un appel d'offre d'une compagnie aérienne européenne dans quelques années à peine. L'enjeu pour nous est donc de demeurer compétitif. Or, dans la mesure où il nous sera impossible de rivaliser sur les prix ou les montages financiers, il nous faudra demeurer compétitif en matière d'innovation, de services fournis, de soutien et d'accompagnement, afin de présenter une offre globale de meilleure qualité.

Le développement des biocarburants et la recherche de l'efficacité énergétique font d'ailleurs partie de cette stratégie. Nous sommes en effet convaincus de la nécessité de réduire nos consommations à l'avenir. Aujourd'hui, plus de 70 % des montants investis en recherche et développement par le groupe sont orientés vers la construction d'un avion moins consommateur d'énergie. A ce titre, nous menons des expérimentations, y compris sur les biocarburants produits à partir d'algues. Malgré l'avancement très poussé des travaux en la matière, le bilan économique et écologique n'est pas complètement démontré à ce jour. Il m'est donc impossible de m'engager sur une date à laquelle nous serions en mesure de modifier la nature des carburants utilisés.

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