Intervention de Germinal Peiro

Réunion du 22 octobre 2013 à 17h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGerminal Peiro :

– Je voudrais remercier et féliciter Stéphane Le Foll pour le travail qu'il fait depuis un an et demi en tant que ministre de l'Agriculture. Il faut aussi souligner le travail du Président de la République dans la négociation de la PAC. En disant cela, je ne prends pas beaucoup de risques puisque tous les syndicats agricoles l'ont dit, y compris ceux qui ne l'avaient pas forcément soutenu. Donc je crois qu'il faut redire cela, puisque vous avez manifestement réussi cette négociation de la PAC, d'abord la négociation budgétaire, et ensuite la négociation en interne.

Je voudrais souligner aussi, Monsieur le ministre, que bien entendu, dans une négociation, on ne gagne pas pour tout. On peut avoir des regrets sur cette PAC. On peut considérer qu'elle continuera à être injuste parce qu'elle va tenir compte du nombre d'hectares, de la surface des exploitations. Beaucoup d'entre nous, sur tous les bancs, auraient souhaité qu'elle tienne compte de l'emploi : on voit beaucoup de petites exploitations, de toute petites, avec beaucoup d'emplois, qui vont échapper aux aides de la PAC. Et on continuera à dire que c'est la Reine d'Angleterre ou le Prince Rainier de Monaco qui bénéficient le plus de la PAC en Europe, et là il y a une injustice.

Il y a aussi une injustice dans la mesure où on n'a pas réussi à imposer le plafonnement. Pourtant, le commissaire européen Dacian Cioloş avait prévu la dégressivité à partir de 150 000 € et le plafonnement à 300 000€. C'était déjà très haut. Eh bien les pays, essentiellement les pays du nord, n'ont pas voulu du plafonnement. Mais je crois que pour contrecarrer le fait qu'on n'a pas voulu plafonner, vous avez réussi véritablement ; parce que c'est vous qui l'avez portée, et c'est la France qui l'a portée, vous avez porté l'idée de la surprime au premier hectare, ce qu'on appelle aujourd'hui le paiement redistributif. Vous avez convaincu, non seulement le commissaire Cioloş, mais bon nombre de pays, en tout cas une majorité de pays, qui ont accepté de l'appliquer, donc je crois qu'on peut s'en réjouir. Je crois que ce qu'a annoncé le Président de la République à Cournon aussi est quelque chose de mesuré parce que la convergence des aides, mes chers collègues, n'est absolument pas quelque chose d'évident. L'idée simpliste qui consistait à dire qu'on allait prendre de l'argent aux grandes cultures pour le redistribuer aux petites exploitations, eh bien elle ne fonctionne pas partout, notamment dans les zones de polyculture, notamment dans les zones d'élevage laitier.

Pour parler de ma région, le Périgord, la moyenne des DPU c'est 420 € à l'hectare. Aujourd'hui, on voit bien que les agriculteurs ne sont pas pressés de voir la convergence se mettre en place parce qu'ils vont tous voir une baisse. Heureusement que la surprime aux 52 premiers hectares va permettre de l'atténuer !

Deux mots pour finir. Est-ce que vous pouvez nous donner une indication supplémentaire concernant l'installation des jeunes : comment allez-vous utiliser cet 1 % pour l'installation des jeunes ?

Et un point de détail, mais on ne me pardonnerait pas de ne pas le faire : il y a une toute petite filière, qui s'appelle la culture du tabac, qui concerne 2000 exploitations agricoles dans notre pays, et qui ne pourra plus bénéficier du recouplage, parce que dans sa grande hypocrisie, l'Union européenne a décidé qu'il ne fallait pas aider cette culture. Je vous rappelle, mes chers collègues, qu'on importe 80 % du tabac qu'on consomme, et le jour où on aura tué tous les producteurs de tabac, il restera quand même des fumeurs, et malheureusement des gens malades. Qu'est-ce qu'on pourra faire pour maintenir cette filière qui participe à l'économie du pays ?

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