Intervention de Alain Tourret

Séance en hémicycle du 23 octobre 2013 à 15h00
Questions au gouvernement sur des sujets européens — Élargissement de l'union européenne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Tourret :

Monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre des affaires européennes, l’Union européenne a décidé hier d’ouvrir un nouveau chapitre dans les négociations d’adhésion avec la Turquie, après trois ans de paralysie (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe UMP.)

Rappelons que la Turquie a officiellement déposé sa candidature en 1999 mais que le processus de négociation s’est révélé long, tant les réticences à Londres, à Berlin et à Paris étaient fortes. Comment en serait-il autrement alors que la Turquie quitte progressivement la laïcité ?

Mais n’est-ce pas le processus d’élargissement lui-même qui a trouvé ses limites et, ce, en dépit des efforts de la Commission, qui a recommandé que l’on accorde le statut de pays candidat pour la deuxième fois à l’Albanie et pour la cinquième fois à la Macédoine, mais en vain ?

En réalité, depuis l’adhésion de la Croatie en 2013, c’est la volonté politique qui manque aux États membres ! Chacun, en effet, a en tête le succès très relatif de l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie.

L’exemple de l’Ukraine est également significatif. Elle a déclaré sa candidature en 2005, soutenue par le commissaire européen à l’élargissement, M. Olli Rehn. En théorie, l’Ukraine n’a que peu de perspectives d’adhésion. C’est un pays voisin qui bénéficie cependant de l’appui déterminé de la Pologne et du président Krasniewski.

Que constate-t-on en France ? Les Français, comme nombre d’Européens, n’ont plus la foi des conquérants. Ils en viennent à douter de leur modèle économique ; ils en viennent à douter de leur modèle démocratique. N’est-il pas plus important, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre des affaires européennes, de renforcer la cohésion des États membres et, en premier lieu, celle des États qui ont adopté l’euro – leur monnaie commune – que de prévoir ou d’envisager un nouvel élargissement qui risque de n’être qu’un miroir aux alouettes pour les États candidats à l’adhésion ?

Monsieur le ministre, l’approfondissement des structures européennes ne vaut-il pas mieux, dans l’actuelle décennie, qu’un élargissement qui risque de n’être qu’un enlisement ?

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