Intervention de Yannick Favennec

Réunion du 6 novembre 2013 à 21h35
Commission élargie : agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Favennec :

La crise qui touche nos exploitations et la disparité des revenus de nos agriculteurs nécessitent une mobilisation sans faille du pouvoir politique, tant au niveau national qu'européen. Cette mobilisation serait encore plus nécessaire en 2014, année absolument déterminante pour l'avenir de notre agriculture, avec la déclinaison nationale de la politique agricole commune sur la période 2014-2020 et l'examen du projet de loi d'avenir, censé redonner des perspectives à notre agriculture.

Malheureusement, le budget que nous examinons aujourd'hui ne semble pas avoir pris la mesure de la crise. Si le groupe UDI soutient l'indispensable effort de réduction de nos dépenses publiques, il ne peut accepter que l'État se désengage à ce point de ses responsabilités dans le domaine de l'agriculture.

Les crédits de la mission « Agriculture » reculent en effet de 10,2 % en autorisations d'engagement et de 5,1 % en crédits de paiement. Une telle baisse des financements publics, notamment en matière de développement rural, aura de lourdes conséquences pour nos exploitations.

Cette baisse des crédits d'intervention s'accompagne en outre de suppressions brutales de postes : ainsi, le ministère de l'agriculture perdra à nouveau 231 postes en 2014, après en avoir perdu 280 en 2013, et les opérateurs liés à l'agriculture 238 postes, après les 320 de 2013. Le groupe UDI reconnaît certes la nécessité de réduire la masse salariale de l'État, mais dans le cadre d'une politique raisonnée, conduite en concertation avec les agents publics dans une logique « gagnant-gagnant », à l'image de la revue générale des politiques publiques, la RGPP, que vous avez interrompue.

La « purge » que vous opérez dans votre ministère n'est que la conséquence directe de la décision d'embaucher 65 000 fonctionnaires en cinq ans, dont 60 000 dans la seule éducation nationale. Vous en êtes la première victime : le ministère de l'agriculture est devenu non prioritaire, ce que nous condamnons avec force.

Le groupe UDI le réaffirme ici : pour nous, l'agriculture est une mission prioritaire dans notre pays, et nous ne tolérerons jamais que vous participiez ainsi à l'étouffement du monde agricole et, plus largement, du monde rural. À l'heure où les questions de l'attractivité des métiers agricoles et de la modernisation des exploitations se posent avec force, ces diminutions brutales sont incompréhensibles et témoignent d'une vision à court terme de notre agriculture alors que celle-ci a au contraire besoin de perspectives d'avenir. En outre, elles constituent inévitablement un frein à l'installation des jeunes et au renouvellement indispensable de nos exploitations, malgré les discours rassurants en direction de nos éleveurs et l'ambition affichée à Cournon d'Auvergne.

Je veux vous le dire solennellement, monsieur le ministre : le monde de l'élevage souffre et s'essouffle. Je le mesure quotidiennement dans mon département, la Mayenne, qui est une terre d'élevage. Vous devez entendre le cri de désespoir de nos éleveurs. Ces derniers ne demandent pas une perfusion étatique, ils veulent simplement redevenir les maîtres de leur destin. Ils en ont les ressources, à condition que vous preniez en compte leurs difficultés.

Aux yeux du groupe UDI, l'amélioration de la compétitivité constitue l'enjeu essentiel pour leur permettre de lutter à armes égales avec nos principaux concurrents. Elle passe par une baisse immédiate des charges qui pèsent lourdement sur leur activité. Il nous apparaît notamment indispensable que tous les agriculteurs puissent bénéficier du crédit d'impôt pour la compétitivité et pour l'emploi.

Elle passe aussi par l'instauration d'un moratoire sur les nouvelles normes. À cet égard, nous serons particulièrement vigilants quant au verdissement de la PAC, afin que les préoccupations environnementales ne deviennent pas autant de freins à l'activité de nos exploitants, qui ont déjà fourni d'immenses efforts dans ce domaine. Le groupe UDI souhaite qu'une concertation étroite et un dialogue apaisé s'engagent entre les services des ministères de l'écologie et de l'agriculture et l'ensemble des professionnels, afin d'aboutir à une réglementation capable de concilier agriculture de production et respect de l'environnement.

Je voudrais enfin appeler votre attention sur ces femmes et ces hommes qui ont travaillé toute leur vie dans leur exploitation, bien plus de 35 heures par semaine et bien au-delà de l'âge légal, et qui, une fois à la retraite, ne parviennent pas à vivre décemment compte tenu du niveau de leur pension. Cette situation est un véritable scandale. Je vous demande d'entendre leur détresse et de revaloriser significativement les retraites agricoles, à travers une refonte globale du système et l'instauration d'un socle minimal à hauteur du montant actuel du minimum vieillesse.

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