Intervention de Patricia Adam

Séance en hémicycle du 26 novembre 2013 à 15h00
Loi de programmation militaire 2014-2019 — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Pour autant, je ne partage pas sa vision du monde. Je crois, comme le général de Gaulle, que la question qui se pose à nous est celle de l’indépendance politique, ce qu’on appelle l’autonomie stratégique. Je veux, en miroir, répondre à M. Grouard que ce qui fait le rang de la France, c’est un grand nombre de choses, parmi lesquelles la dissuasion, qui donnent à notre pays la capacité de répondre seul à une menace vitale, menace vitale que, dès lors, nous pouvons définir nous-mêmes.

La liberté de manoeuvre de la France, c’est la combinaison de la dissuasion classique, c’est-à-dire la projection de forces, et de la dissuasion nucléaire. Le monde n’a pas tant changé en mieux qu’on puisse considérer que l’homme ou les États soient subitement devenus pacifistes, malheureusement. En tant que responsable politique, je ne saurais pas justifier devant mes concitoyens l’abandon de l’arme ultime qu’est l’arme thermonucléaire. Je constate que, depuis que notre pays dispose de cette arme, il n’a plus connu de grande guerre ou de pertes massives. Je ne crois pas au hasard.

La condition de la dissuasion, c’est la crédibilité. Sans crédibilité, on peut être attaqué. On peut alors devoir envisager de frapper. Pour éviter de devoir frapper, il faut dissuader. C’est là qu’il faut être crédible. Cette crédibilité, c’est la combinaison de la crédibilité interne de chaque composante et des deux composantes ensemble. Chacune a des caractéristiques propres et répond à des missions de dissuasion distinctes. Par exemple, on peut agir avec les forces aériennes stratégiques en scénarisant une montée en puissance graduée. On ne peut le faire avec les sous-marins lanceurs d’engins. Il n’y a donc pas, pour la France, de dissuasion à une seule composante. D’autres ont fait des choix différents, mais la Grande-Bretagne n’est pas la France, comme le démontre sa vision du rapport aux États-Unis, notoirement différente de la nôtre.

Enfin, toujours sur cette question de la dissuasion, je veux écarter un argument entendu en commission et repris peut-être un peu vite au sein d’une autre commission. Le Président de la République n’a pas fermé le débat sur la dissuasion au sein des travaux du Livre blanc. Il a pris une décision, sa décision, en application de prérogatives que lui confère l’article 15 de la Constitution. Il n’y a pas de tabou pour autant. Le débat a lieu, il a même lieu depuis le début des années soixante. Là non plus, on ne fait rien avancer à coup de simplifications abusives. Je prendrai d’ailleurs des initiatives, que je proposerai au bureau, afin que la commission de la défense nationale soit au coeur de ce débat.

Autre question longuement abordée en commission : les suppressions de postes au sein du ministère de la défense. L’opposition en déplore le trop grand nombre, après en avoir décidé bien plus. Certains souhaitent qu’on supprime plus d’emplois d’officiers. La vérité est sans doute au centre de gravité de cet hémicycle.

Il s’agit naturellement d’une question sensible, légitimement sensible, dirai-je même, d’autant plus que le ministère de la défense ne cesse de supprimer des emplois depuis la décision de professionnalisation prise en 1996.

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