Intervention de Axelle Lemaire

Réunion du 18 décembre 2013 à 9h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxelle Lemaire :

Alors que la loi Veil a été votée il y a trente-huit ans, vous refusez aujourd'hui, monsieur Poisson, monsieur Gosselin, de prendre acte des évolutions de la société. En 1975, il s'agissait de légaliser une pratique jusque là interdite, la nécessité d'avorter exposant les femmes à des situations de détresse extrême. Aujourd'hui, en 2013, l'IVG concerne 35 % des femmes françaises ; refuser de tenir compte de cette réalité sociale pour s'enfermer dans une vision héritée d'une période révolue relève d'un véritable aveuglement.

Pour avoir recours à l'IVG, une femme doit-elle aujourd'hui se trouver dans une situation de détresse ? Il s'agit non pas de sous-estimer la détresse qui peut accompagner le parcours vers l'IVG, mais de ne pas en faire une condition de recours à ce droit. La nuance est de taille !

Par ailleurs, vous interprétez d'une façon extraordinairement extensive les conséquences de la suppression de cette formulation. Ni les juges ni les médecins n'en tiennent compte, ce qui prouve bien qu'elle ne correspond pas à la réalité sociale d'aujourd'hui. À côté de la détresse des femmes qui ont recours à l'IVG, comment ne pas évoquer celle de certaines femmes qui décident de garder l'enfant ? Ainsi, une jeune lycéenne que la maternité obligerait à interrompre ses études et à quitter le domicile familial pour dépendre des aides de l'État verrait son projet de vie entier perturbé par cette naissance survenue à un moment qu'elle n'avait pas choisi.

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