Intervention de Jean-Jacques Urvoas

Séance en hémicycle du 22 janvier 2014 à 15h00
Ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Urvoas, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République :

Certes, je me réjouis des avancées législatives enregistrées sous cette législature en faveur des langues régionales, par le biais des lois relatives à l’école ou aux métropoles.

Elles vont indéniablement dans le bon sens.

Il n’en demeure pas moins que, globalement, les langues régionales dans ce pays ne sont pas régies par la loi mais par la circulaire et l’arrêté, ce qui rend leur usage particulièrement précaire sur le plan juridique en conférant à l’administration et à la justice des marges d’interprétation quasi illimitées dont il faut bien constater qu’elles n’usent qu’exceptionnellement, sinon jamais, à leur bénéfice.

On nous dit encore que les langues régionales seraient le symptôme honteux de quelque repli pathogène sur soi, qui révélerait en dernier ressort un manque d’ouverture sur le monde, voire une hostilité foncière à l’altérité.

Ma conviction la plus profonde est que la richesse de l’humanité repose sur sa diversité.

Et les langues régionales en constituent un élément consubstantiel et vital.

Elles sont un antidote au processus d’uniformisation porté par une mondialisation aveugle dont nous devons nous efforcer d’encadrer les excès.

Un antidote à la tentation si forte aujourd’hui de fondre tous les individus dans un moule linguistique et culturel unique.

En somme, nier les langues régionales, c’est nier l’homme dans ce qu’il a de plus particulier – son irréductible singularité.

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