Intervention de Danielle Auroi

Séance en hémicycle du 19 février 2014 à 21h30
Développement et encadrement des stages — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, présidente de la commission des affaires européennes :

À mon tour de me réjouir particulièrement que la commission des affaires européennes se soit saisie pour observations de la proposition de loi tendant au développement, à l’encadrement des stages et à l’amélioration du statut des stagiaires. Cette procédure de saisine pour observations, que nous avons également utilisée sur la proposition de loi relative au détachement des travailleurs discutée hier soir dans cette enceinte, permet d’apporter un éclairage européen sur des textes qui sont parfois traités de manière trop franco-française.

Je m’en réjouis aussi du fait de l’objet même de ce texte. En effet, l’avenir des jeunes, que ce soit en Europe ou en France, doit être une priorité absolue des gouvernements : les jeunes sont en effet les premières victimes de la crise en Europe et sont fortement touchés par l’augmentation de la pauvreté. Rappelons qu’une aide européenne spécifique de 6 milliards d’euros est affectée aux zones où le chômage des jeunes s’élève à plus de 25 %. Leur donner un espoir avec un stage est, quoi qu’il arrive, une première étape. Un peu partout, les taux de chômage des moins de vingt-cinq ans s’envolent et les perspectives d’avenir s’étiolent pour ces jeunes qui peinent à trouver un emploi stable. On ne peut pas construire un avenir, une vie sur une succession de stages.

Dans ce contexte économique, les stages se sont fortement développés, mais pas toujours dans l’optique de formation de chacun. Les tensions sur le marché de l’emploi ont favorisé un effet d’aubaine pour les employeurs, qui recrutent des stagiaires sur des postes normalement dédiés à de vrais emplois. Ainsi, les jeunes se trouvent mis en concurrence déloyale avec eux-mêmes sur le marché de l’emploi, participant à la création d’une génération précaire, pour reprendre le nom du collectif qui les représente et les défend. Dès lors, l’enjeu actuel est de sauvegarder et d’assainir la pratique du stage, complément de formation utile s’il n’est pas dévoyé.

Selon l’enquête Eurobaromètre menée en mai 2013, près d’un jeune Européen sur deux a déjà effectué un ou plusieurs stages. Philip Cordery en a parlé avec précision tout à l’heure. Je rappellerai pour ma part que 18 % des stages ont été jugés insatisfaisants sur le plan du contenu de l’apprentissage et un quart eu égard aux conditions de travail. C’est à cette marge qu’il faut s’attaquer.

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