Intervention de Valérie Pecresse

Séance en hémicycle du 14 octobre 2014 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Pecresse :

En 2013 et en 2014, déjà, l’État n’a pas honoré son engagement de verser 150 millions à la région pour financer les transports. Qu’en sera-t-il en 2015 ?

J’ai entendu le Premier ministre affirmer que les engagements de l’État seraient tenus ; nous vous faisons confiance, mais avec modération. J’ai surtout noté qu’il a bien pris soin de ne pas indiquer où se trouvaient ces crédits dans le budget et comment ils seraient financés ! De même, j’ai bien noté qu’il a pris soin d’indiquer qu’il financerait les études concernant le prolongement de la ligne E du RER vers l’ouest sans prendre aucun engagement sur le financement des travaux. Or, ce prolongement crucial est attendu par des centaines de milliers de Franciliens de l’ouest et de l’est pour désaturer le RER A, la ligne la plus chargée d’Europe qui transporte chaque jour autant de passagers que tous les TGV et les TER réunis. Il est également attendu par les habitants de la Seine-Saint-Denis qui souhaitent une liaison directe vers La Défense.

Faute de réformes et de choix budgétaires courageux, vous coupez l’investissement et condamnez l’avenir de la France. Le Premier ministre a beau multiplier les déclarations, la réalité est que les financements pour le Grand Paris n’existent pas. La réalité est aussi qu’après avoir réalisé une année blanche dans les contrats de plan État-région en prolongeant jusqu’en 2014 les contrats de la période 2007-2013, vous allez réduire la voilure pour la période 2015-2020 ! La réalité, c’est encore qu’après avoir massivement augmenté de 2007 à 2012, les crédits de l’enseignement supérieur et de la recherche sont désormais à la diète.

L’investissement est la victime collatérale de vos choix budgétaires : c’est dramatique ! En effet, en période d’inflation quasi-nulle, de taux d’intérêt à zéro et de croissance faible, seul l’investissement peut permettre à l’économie de repartir et de générer les ressources nécessaires pour réduire la dette. L’absence de réformes et l’immobilisme politique nous conduisent tout droit au recul économique. Contrairement à ce que pense le Premier ministre, il ne suffit pas de lancer ici un débat sur les 35 heures et là un débat sur l’assurance-chômage pour réformer le pays. La réforme se fait ici, au Parlement. Or, au-delà des discours, nous n’avons pour l’instant rien vu, et votre projet de loi de programmation nous confirme que nous ne verrons pas grand-chose dans les années à venir puisque vous avez décidé de repousser à 2017 – c’est-à-dire après la prochaine élection présidentielle – le respect de nos engagements européens.

En 2015, vous avez décidé de faire un budget pour rien, puisqu’il en rajoute encore une louche sur les impôts des ménages sans réduire les déficits publics. Même si, pour une fois, vous tenez vos engagements – ce qui, au vu de votre bilan, est hautement improbable –, démonstration sera faite d’ici 2017 que ce quinquennat aura été – sur ce point encore, quelle convergence de vues, monsieur le président ! – le quinquennat de l’impuissance. Il aura en effet fallu attendre la fin du mandat de François Hollande pour qu’il tente de réaliser l’engagement qu’il devait tenir dès 2013 : réduire notre déficit à 3 % du PIB.

Dans ces conditions, vous comprenez qu’il n’y a pas lieu de délibérer. Nous n’avons pas d’autre choix que de rejeter ce projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 !

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