Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 13 mai 2015 à 15h00
Respect du principe de laïcité dans l'accueil des mineurs — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

« La laïcité n’est pas une option spirituelle parmi d’autres, elle est ce qui rend possible leur coexistence, car ce qui est commun en droit à tous les hommes doit avoir le pas sur ce qui les sépare en fait », a dit Régis Debray. Force est de déplorer que le rêve unitaire laïc, garant de la liberté de conscience, s’estompe pour ne devenir qu’un mirage.

Le législateur essaie tardivement et tant bien que mal de colmater les brèches ouvertes dans notre pacte républicain par les assauts quotidiens d’un communautarisme vindicatif.

La proposition discutée aujourd’hui est l’une de ces réactions désordonnées en réponse au licenciement de l’employée voilée de la crèche Baby Loup en raison de la violation du règlement intérieur de l’entreprise. Une crèche qui a dû déménager sous la pression et les menaces, suite à la médiatisation de l’affaire. Un des multiples symptômes d’une politique d’immigration catastrophique, fossoyeuse de l’assimilation, qui a fabriqué des individus animés par une volonté de fracture : une volonté de marquer visiblement leur différence et leur appartenance à une communauté religieuse en heurtant les us et coutumes du pays d’accueil.

Comment expliquer sinon que des territoires comme le Vaucluse, qui accueillent des immigrés de confession musulmane depuis plusieurs décennies, voient la multiplication des voiles et barbes longues depuis quelques années seulement ?

« Amalgame, stigmatisation, islamophobie » : autant de mots sortis du petit kit du prêt-à-penser, jetés au visage de ceux qui, depuis des années, cherchent à alerter, devant la multiplication des dérives qui ont lieu sous nos yeux.

Ce n’est pas de mon fait si le lien que vous faites, précisément, entre extension de la laïcité et islamophobie est dû à ce que le principe de laïcité entre en conflit avec des pratiques religieuses islamiques. Ce n’est pas ma faute et, croyez-moi, ma réaction serait la même pour le défense de la laïcité si ces heurts venaient d’autres religions.

Vos renoncements apparaissent déjà en ce qui concerne les crèches partiellement financées par de l’argent public, qui pourraient échapper à l’interdiction des signes religieux ostentatoires. Et pourtant, les Français sont à 86 % favorables à une loi interdisant le port visible de tout signe d’appartenance religieuse dans les lieux où l’on s’occupe des enfants. Il est tout à fait logique d’étendre la loi de 2004, interdisant les signes religieux ostentatoires dans les écoles, aux crèches et aux universités, pour les mêmes raisons de cohésion et d’apaisement. On peut néanmoins douter de l’efficacité future de cette mesure quand le Gouvernement est déjà incapable d’endiguer la violation régulière de la loi dans les écoles françaises.

Pour autant, si certains secteurs justifient l’application stricte et l’extension de la neutralité religieuse, il serait à la fois stupide et contre-productif de tomber dans une lecture fanatisée de la laïcité républicaine.

La laïcité consiste avant tout à garantir la neutralité de l’État dans les administrations et services publics ainsi qu’à refuser de financer tout culte sur les deniers publics.

Elle n’a pas pour but de chasser le spirituel de la société ni de devenir une arme de destruction massive de notre identité chrétienne en en gommant toute référence. Il est essentiel que la République ne confonde pas la culture et le culte, en n’étouffant pas les racines chrétiennes de la France qui façonnent des traditions, une morale, des paysages, un patrimoine et une architecture millénaires. Car faire table rase, c’est faire émerger une France hors-sol, sans identité propre à défendre et à transmettre.

Elle n’a pas non plus vocation à devenir le cheval de Troie de l’islamisation en glissant du concept de neutralité à celui d’égalité des religions. C’est à cause de cette lecture erronée que de nombreux élus, trop souvent restés impunis, violent nos lois et nos principes républicains en finançant directement ou indirectement la construction et l’entretien de mosquées, militent pour la création de jours fériés musulmans comme dans les territoires ultramarins, suppriment le porc et servent de la nourriture hallal dans les cantines, organisent des cérémonies aux frais du contribuables pour la fin de ramadan dans le local de la mairie.

L’article 2 sur les centres de loisirs et de vacances – qui sera probablement supprimé – est symptomatique de ce fanatisme laïc. Contraindre à la neutralité les centres d’accueil subventionnés en partie par l’État revient à confondre le financement d’activités non cultuelles à caractère confessionnel avec le financement des lieux de culte, interdit par la loi de 1905. Ainsi, vous punissez de nombreuses associations – l’exemple du scoutisme a été justement cité – dont les activités ne remettent aucunement en cause le pacte républicain.

Rien de surprenant : l’ADN de la gauche comporte un anticléricalisme virulent qui l’enferme dans un logiciel dépassé et qui l’aveugle sur les véritables menaces à l’ordre public et à la cohésion nationale.

Votre militantisme laïc refuse de séparer le bon grain de l’ivraie. Cette nouvelle religion interdit les crèches de Noël, tradition populaire séculaire, dans les mairies, déboulonne une statue de Jean-Paul II en Bretagne, refuse la compassion humaniste à l’égard des chrétiens d’Orient lors d’une campagne d’affichage dans le métro parisien.

C’est oublier que le concept même de laïcité est issu d’un long débat doctrinal et politique sur la séparation du spirituel et du temporel, entre les rois, les papes et les empereurs, l’Église refusant de se laisser utiliser par le politique et réciproquement, le tout reposant sur la citation de l’évangile de Luc : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Sûrement est-ce pour cela, d’ailleurs, que les pays d’essence catholique, ou plutôt chrétienne, ont été à l’origine du concept de laïcité et de son application.

La culture chrétienne et le principe de laïcité sont les racines et branches d’un même arbre national. Les scier l’une après l’autre, en réaction à la pression de religions importées récemment, revient à couper les liens de la sociabilité française.

En l’état actuel de la proposition de loi, je ne pourrai la voter, à moins que son article 2 soit supprimé.

1 commentaire :

Le 26/03/2016 à 11:47, laïc a dit :

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"La laïcité consiste avant tout à garantir la neutralité de l’État dans les administrations et services publics ainsi qu’à refuser de financer tout culte sur les deniers publics."

Et les baux emphytéotiques pour la construction de nouvelles mosquées, alors que la loi interdit de faire des baux emphytéotiques pour la construction de nouveaux lieux de culte, n'est-ce pas le financement du culte sur des deniers publics ? Etant donné que les terrains pourraient être offerts à plus offrants, ce sont des deniers en moins qui tomberont dans les caisses de la commune, et donc les finances publiques de la commune sont affectées par ces manquements à la loi. Ces baux emphytéotiques illégaux relèvent bien du financement de lieux de culte par la commune.

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