Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 29 mai 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Selon vous, la similitude des politiques mises en oeuvre par les uns et les autres ainsi que l'atténuation des débats d'idées contribuerait à créer le sentiment d'une classe politique homogène, coupée des réalités du reste de la population. On peut aussi penser qu'autrefois il était plus facile de se reconnaître dans des partis qui assumaient ouvertement d'être le parti de la classe ouvrière ou le parti des classes moyennes, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

Dans mon département se sont créés des collectifs citoyens, qui se sont regroupés en un collectif citoyen départemental, composé pour l'essentiel de jeunes issus de l'immigration. Or j'ai constaté que, selon les villes, ces jeunes pouvaient s'engager en politique sur telle ou telle liste, de tel ou tel bord politique. La raison en est que ce qui importe avant tout à leurs yeux est d'être représentés, sous quelque couleur politique que ce soit. D'où la réserve dont ils font preuve lorsque l'on évoque avec eux les idées sur lesquelles ils s'engagent, qui importent moins que le fait de prendre place dans les lieux de pouvoir et de responsabilité, ce qui ne leur est pas donné naturellement. Certains pourront les juger sévèrement au nom du sacro-saint engagement, mais cela doit surtout conduire les partis politiques à s'interroger sur leur capacité de représentation. Les partis de masse se composaient d'une large diversité d'adhérentes et d'adhérents ; leur rétrécissement a fait qu'il n'y a plus de place en leur sein pour cette diversité. C'est donc moins de quotas dont nous avons besoin – je suis d'accord avec vous sur ce point – que d'une réflexion sur le rôle et les objectifs des forces politiques.

1 commentaire :

Le 20/12/2016 à 10:57, Laïc1 a dit :

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" La raison en est que ce qui importe avant tout à leurs yeux est d'être représentés, sous quelque couleur politique que ce soit. D'où la réserve dont ils font preuve lorsque l'on évoque avec eux les idées sur lesquelles ils s'engagent, qui importent moins que le fait de prendre place dans les lieux de pouvoir et de responsabilité, ce qui ne leur est pas donné naturellement."

Il est assez consternant de voir que les idées, les problèmes pour lesquels ils sont élus, ont moins d'importance que "d'y être", et pire, d'y être pour leur origine, race, religion, bref pour des raisons identitaires qui sont illégales. Ces jeunes n'ont strictement rien compris à la démocratie, mais peut-être ne veulent-ils surtout rien comprendre à la démocratie ? Car la démocratie, c'est l'ennemi de la race, origine, religion, posés en tant que principe politique d'action et de mobilisation. S'ils conçoivent la politique comme l'occasion d'une bagarre identitaire, pour affirmer leur religion, par exemple l'islam, quel intérêt auront-ils à se concentrer sur les idées, les problèmes scientifiques, qui les éloigneront de leur revendication religieuse ?

D'ailleurs, ce désintérêt de l'idée au profit de l'identité, pour des jeunes engagés dans le processus politique classique, souligne une nouvelle fois l'intérêt du référendum citoyen qui fortifiera obligatoirement l'idée contre l'identité, et éloignera des sphères de pouvoir ces ambitieux identitaires et communautaires, dont le principe d'action politique premier est la violence, ce qui est évidemment inacceptable en République, d'où l'intérêt de la démocratie participative, qui est en fait la seule démocratie historiquement parlant.

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