Intervention de Jean-Claude Mathis

Séance en hémicycle du 16 juin 2015 à 9h30
Questions orales sans débat — Modalités de mise en oeuvre de la contribution au service public de l'électricité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Mathis :

M. Thierry Lazaro alerte Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur les conséquences du mécanisme de fixation, de plafonnement et de remboursement de la contribution au service public de l’électricité – CSPE. Instaurée par la loi du 3 janvier 2003, la CSPE vise de manière notoire à compenser le surcoût occasionné par le rachat d’électricité d’origine éolienne et photovoltaïque, essentiellement pour le fournisseur historique qu’est EDF.

Depuis sa création, la CSPE n’a cessé d’augmenter, passant de 3 euros le mégawattheure en 2003 à 16,50 euros en 2014, une augmentation de 450 % financièrement insupportable pour les entreprises françaises non exonérées. Et elle devrait atteindre 20 euros le mégawattheure en 2019. L’impact de la CSPE représente plus de 1 % du chiffre d’affaires des entreprises.

Pourtant, selon la Commission de régulation de l’énergie, cette hausse est encore insuffisante car elle ne permettrait pas de couvrir les charges supportées par les fournisseurs d’énergie – essentiellement EDF. Il y a donc lieu de s’attendre à une hausse supplémentaire de la CSPE, au-delà des 20 euros prévus en 2019.

Cependant, des exonérations sont prévues afin de ne pas pénaliser les entreprises industrielles les plus consommatrices d’énergie. En effet, l’article L. 121-21 du code de l’énergie prévoit que le montant total dû au titre de la CSPE par toute société industrielle consommant plus de sept gigawattheures d’électricité par an est plafonné à 0,5 % de sa valeur ajoutée.

Favorable aux entreprises électro-intensives, ce dispositif défavorise en revanche plus de 100 000 PME qui n’atteignent pas ce niveau de valeur ajoutée. C’est le cas de nombre d’entreprises textiles et d’exploitations endivières de la région du Nord-Pas-de-Calais, dont la trésorerie et les marges sont lourdement grevées par cette imposition inique.

À titre d’exemple, le poste de consommation électrique est de plus en plus important pour les entreprises de la filière endivière, où la CSPE – 1,65 centime d’euro par kilowattheure consommé – en vient à représenter presque 250 euros par hectare. Au vu de la faible valeur ajoutée des exploitations endivières, l’application du plafond de 0,5 % générerait pour elles une économie probable d’au moins de 200 euros par hectare.Les dirigeants des exploitations endivières de la région du Nord-Pas-de-Calais estiment que le principe d’égalité devant les charges publiques n’est en l’espèce absolument pas respecté : le plafond devrait s’appliquer à toutes les entreprises. Les effets sur les entreprises textiles sont tout aussi dévastateurs.

En conséquence, M. Thierry Lazaro souhaite connaître les mesures que Mme la ministre compte prendre en faveur de ces entreprises et exploitations, sachant qu’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne du 19 décembre 2013 considère que la CSPE est une aide publique d’État irrégulièrement mise en oeuvre par la France pour ne l’avoir pas préalablement notifiée à la Commission européenne.

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