Intervention de Sophie Avarguez

Réunion du 5 décembre 2012 à 17h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Sophie Avarguez, sociologue, maîtresse de conférences à l'Université de Perpignan :

En ce qui concerne les stéréotypes, nous avons effectivement entendu, quel que soit l'âge, le pays et le sexe de notre interlocuteur, que la prostitution est le plus vieux métier du monde, qu'elle permet de réduire les violences envers les femmes, ou encore que les hommes ont des pulsions qu'ils doivent nécessairement assouvir…

Certaines des personnes que nous avons interrogées considèrent que la prostitution est un mal pour un bien, puisqu'elle leur permet de survivre économiquement et qu'en outre elle diminue les chiffres des violences faites aux femmes.

La présence de la prostitution induit une logique particulière d'appropriation du territoire pour les habitantes de la localité. En effet, alors même que l'espace public est mixte, nombre d'entre elles désertent certains lieux à certaines heures, non par peur d'être agressées mais par peur d'être prises pour des prostituées, ce qui leur arrive si elles restent trop longtemps sur un trottoir, par exemple avant de traverser la nationale. La patronne d'un cabinet d'esthétique m'a raconté que plusieurs clients sont entrés dans son salon pour lui demander si elle proposait des massages et si elle faisait « les finitions », et les serveuses sont confrontées aux mêmes demandes. Pour se préserver, les femmes mettent en place des stratégies visant à se distinguer des prostituées – elles évitent de porter certaines marques de vêtements – et tentent de passer inaperçues en gommant les attributs de la féminité.

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