Intervention de Alain Tourret

Séance en hémicycle du 28 octobre 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Mort du juge borrel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Tourret :

Monsieur le Premier ministre, le 19 octobre 1995, il y a tout juste vingt années, Bernard Borrel, ancien procureur de la République à Lisieux, en poste à Djibouti depuis 1994, était retrouvé mort, carbonisé. Son cadavre gisait calciné aux pieds d’une falaise à quelques kilomètres de Djibouti.

Tout fut fait dans un premier temps par les autorités djiboutiennes, sans résistance aucune des autorités françaises, pour accréditer la thèse du suicide. Dans ce qu’il faut bien appeler une affaire d’État, il fallut obtenir le dessaisissement des premiers juges. Il est aujourd’hui acquis, sans contestation possible, que le procureur Borrel a été assassiné.

Des mandats d’arrêt ont été émis, tant par la cour d’appel de Versailles que par les nouveaux juges d’instruction contre différentes personnalités djiboutiennes et tunisiennes.

La République, monsieur le Premier ministre, se doit de protéger ses magistrats ; elle se doit de protéger ses procureurs, elle se doit de protéger ses juges. Or aucun document n’a été déclassifié ni même retrouvé pour la période comprise entre le mois d’octobre 1995, date de l’assassinat, et les deux années qui suivirent, alors que différents témoins ont affirmé l’existence de notes sur les circonstances du décès.

De même, tous les documents concernant l’actuel Président de la République de Djibouti ont été déclarés incommunicables.

La France va-t-elle enfin résister à la raison d’État et ordonner la déclassification de tous ces documents couverts par le secret d’État ?

Par ailleurs, les élèves de l’école nationale de la magistrature, dont Bernard Borrel sortit major, ont décidé que l’une de leurs promotions porterait son nom.

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