Intervention de Thierry Lazaro

Séance en hémicycle du 18 février 2016 à 9h30
Questions orales sans débat — Ligne de très haute tension avelin-gavrelle

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Lazaro :

Madame la secrétaire d’État chargée de la biodiversité, je veux alerter votre ministère sur le projet de construction de la ligne très haute tension Avelin-Gavrelle entrepris par RTE – Réseau de transport d’électricité – qui défigurera à tout jamais la région de la Pévèle, poumon vert de la métropole lilloise et du bassin minier, qui accueille quantité de promeneurs, cyclistes et cavaliers dans la forêt de Phalempin, sur le site historique de la bataille de Mons-en-Pévèle, dans la réserve ornithologique des Cinq-Tailles à Thumeries et dans les nombreux clubs hippiques de la région dont le rôle économique et social n’est plus à démontrer. Ce projet impactera durablement également les riverains de cette future infrastructure industrielle.

Alors que le Gouvernement se donne comme objectif de réduire de 50 % la consommation d’énergie d’ici 2050 – celle de l’électricité de 25 % – et incite aux énergies alternatives, cette véritable autoroute électrique imaginée en 2003, l’une des plus puissantes et des plus hautes d’Europe, n’a plus lieu d’être alors que l’ensemble de la région est déjà parfaitement desservi et sécurisée par les lignes existantes. Néanmoins, RTE projette la construction de cette ligne de deux fois 400 kilovolts sur pas moins de vingt-huit kilomètres, avec vingt-quatre câbles, cinquante-sept pylônes de soixante-dix mètres de haut, dont vingt-neuf pylônes espacés de seulement trois cents mètres sur les neuf kilomètres de la Pévèle. Négligeant a priori les multiples risques sanitaires et environnementaux pourtant démontrés, RTE refuse l’enfouissement de dix kilomètres de cette ligne en zone ouverte rurale, enfouissement dont nous avons l’amère impression qu’il n’a pas été sérieusement étudié.

En ce qui concerne les risques sanitaires, le Centre international de recherche sur le cancer a classé en catégorie 2B possiblement cancérigène les champs magnétiques domestiques de très basse fréquence et en catégorie 3 les champs électriques et les champs magnétiques statiques. Or RTE n’en a pas fait état lors de la concertation. Au nombre de ces risques sanitaires figurent non limitativement : l’augmentation du risque de leucémie aiguë de l’enfant, de cancers cérébraux et du sein. À titre d’exemple, une équipe de l’INSERM a mis en évidence une augmentation du risque leucémique chez les enfants de moins de cinq ans, jusqu’à 2,6 fois s’ils résident à moins de cinquante mètres d’une ligne très haute tension et 1,6 fois s’ils résident à cent mètres. Il y a aussi les troubles de l’humeur dans le cadre du syndrome d’hypersensibilité électromagnétique ; les dysfonctionnements d’appareils médicaux, dont les pacemakers ; les atteintes du système immunitaire.

Au nombre des risques environnementaux ont été observées des modifications du comportement du bétail et de sa productivité, ainsi que des atteintes aux cultures maraîchères et fruitières. Or je vous rappelle que la Pévèle est riche en exploitations agricoles et en élevages de bovins ou de chevaux. Les oiseaux et abeilles en perdent également le nord… c’est tout dire.

Madame la secrétaire d’État, il n’est pas possible au ministère de l’environnement et de l’énergie d’ignorer les effets néfastes sur la santé et l’environnement des champs électromagnétiques produits par les lignes à haute et très haute tension. En conséquence et au nom du principe constitutionnel de précaution, je demande l’abandon de ce projet, au moins dans sa forme aérienne, et de me préciser la position du ministère quant à l’enfouissement des lignes THT en général et de la ligne Avelin-Gavrelle en particulier.

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