Intervention de Patrice Verchère

Séance en hémicycle du 29 mars 2016 à 21h30
Questions sur la politique agricole du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Verchère :

Monsieur le ministre, je souhaite appeler votre attention sur l’immense inquiétude que suscite chez nos producteurs de cerises la récente décision de l’Agence nationale de sécurité sanitaire – ANSES – de ne pas renouveler, pour 2016, l’autorisation d’utilisation du diméthoate, produit phytosanitaire permettant de protéger les cerisiers d’un moucheron particulièrement virulent, la drosophilia suzukii, qui a pour particularité de pondre dans les fruits charnus, comme la cerise, dont sa larve se nourrit, causant des pertes de production considérables pour les arboriculteurs.

Cette décision, très lourde de conséquences pour toute la filière, est d’autant plus difficile à accepter par nos professionnels qu’elle n’est pas appliquée par nos voisins européens. L’été prochain, alors que la production hexagonale sera très largement ravagée par ce moucheron, la France importera des cerises venues d’Espagne, d’Italie ou de Turquie, pays où le diméthoate est utilisé dans des conditions bien moins strictes que celles constatées en France ces dernières années. Cette interdiction franco-française amplifiera une concurrence déjà très forte, qui se manifeste par une hausse de 51 % des importations en six ans. Je rappelle que cette filière emploie près de 20 000 personnes en France et produit annuellement 50 000 tonnes de produits de grande qualité – qualité dont je peux personnellement témoigner, notamment pour la Sublim’de Bessenay, produite dans la circonscription dont je suis élu.

Monsieur le ministre, si la décision de l’ANSES doit se confirmer, l’État doit, dès les prochaines semaines, mettre en place un plan d’indemnisation.

Dans le même temps, puisque le diméthoate est considéré comme toxique, le Gouvernement doit s’engager à interdire l’importation de cerises ou de fruits traités avec ce produit, qu’ils proviennent d’Europe ou de Turquie.

Il doit également être aux côtés des producteurs dans la recherche de solutions alternatives. Un plan d’aide à la protection des vergers au moyen de filets anti-insectes, solution non-toxique efficace, mais nécessitant d’importants investissements, pourrait par exemple être mis en place, mais un tel plan ne pourrait être effectif cette année. Je vous demande donc d’intervenir pour que l’autorisation du diméthoate soit prolongée tant que des solutions viables n’auront pas été trouvées.

Devant l’extrême urgence de ce dossier, quelle stratégie le Gouvernement compte-t-il adopter dans les jours à venir – car je sais que la décision sera rapide – pour répondre à l’inquiétude de nos agriculteurs ?

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