Intervention de Stéphane Demilly

Réunion du 9 octobre 2012 à 18h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Demilly :

Monsieur Séralini, je suis heureux que notre commission ait l'occasion de vous auditionner trois semaines après la publication, dans la revue Food and Chemical Toxicology, de votre étude sur la toxicité présumée du maïs OGM NK603 de la firme Monsanto et de l'herbicide Roundup, et je me réjouis, au nom du groupe UDI, que les présidents aient annoncé d'autres auditions sur ce sujet dans les semaines qui viennent.

Cette étude, qui tend à démontrer que les rats ayant absorbé dans leur nourriture des OGM et du Roundup meurent plus vite que les autres, a suscité dès sa publication une énorme polémique. Le battage médiatique a été considérable, provoquant, dans le monde politique et dans la communauté scientifique, autant de commentaires résolument enthousiastes que de réactions violemment hostiles. Des scientifiques de l'INRA, du CNRS et de l'INSERM ont dénoncé cette étude, certains remarquant que les résultats en avaient été obtenus avec une lignée de rats développant fréquemment des tumeurs lorsque leur alimentation n'est pas contrôlée. Le Premier ministre lui-même, lors d'un déplacement à Dijon, a fait une déclaration demandant l'interdiction pure et simple des OGM en Europe, tandis que le président de l'INRA, M. François Houllier, et l'Agence européenne de sécurité des aliments prenaient clairement leurs distances avec votre étude. Des critiques ont également visé l'indépendance réelle de votre démarche et dénoncé son parti pris.

Face à une polémique aussi virulente, on ne peut que s'interroger. Est-il possible d'avoir, en France, un véritable débat de fond, objectif et dépassionné, sur la question des OGM ? Est-il possible que le Gouvernement et le Parlement légifèrent de façon éclairée et objective sur la question des OGM, dès lors que la communauté scientifique elle-même est fortement divisée et invoque des arguments contradictoires ? Faut-il donc considérer que, in fine, les décideurs politiques devront se résigner à ne tenir compte, sur ce sujet, que de leur intime conviction ?

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