Interventions sur "deuil"

18 interventions trouvées.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurore Bergé :

...uer l'intérêt supérieur – aurait à porter un récit particulièrement lourd puisqu'il poursuivrait la vie d'un père défunt dans le cadre d'un projet parental escamoté par un drame de la vie. Je ne crois pas que notre assemblée peut prendre la responsabilité de l'accepter. Ensuite, l'application et l'encadrement d'un tel projet risquent de soulever de multiples difficultés. Quel temps pour faire le deuil : un, deux, trois ou six mois ? Qui peut le définir ? Qui sait combien de temps il est nécessaire à une femme pour faire son deuil ? Jusqu'à quel moment la femme pourra-t-elle utiliser l'embryon : un, deux ou trois ans après le décès ? Qui peut, là encore, fixer ce délai ? Je ne parle même pas des conséquences qu'une telle autorisation aurait en matière successorale : Mme la garde des sceaux en a...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThibault Bazin :

La femme endeuillée risque en outre de subir une très forte pression. On peut même parler de tourment personnel pour qualifier sa décision d'avoir ou de ne pas avoir cet enfant, d'autant que la belle-famille pourrait tenter de l'influencer dans un sens ou dans l'autre. On le sait, ce qui est permis n'est pas toujours souhaitable. Ne prend-on pas ici le risque de faire endosser à l'enfant la situation de celui qu...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Hetzel :

...t mortem semble soulever des difficultés de quatre ordres. » « D'abord, elle permettrait de faire naître un enfant alors que son père est décédé avant même sa conception, s'agissant des gamètes, ou avant le début de sa gestation, s'agissant des embryons. Il ne serait donc élevé que par un seul parent, ce qui constitue une vulnérabilité en soi. » « En outre, le fait de naître dans un contexte de deuil est une situation qui pourrait marquer le "récit identitaire" de l'enfant nécessairement impacté par le deuil de son père. » « Dans un tel contexte, il peut également être difficile de créer les conditions d'une décision apaisée de la part de la mère, celle-ci pouvant être à la fois influencée par des pressions familiales et par l'impact d'un deuil très récent, ce qui rend nécessaire de laisser ...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

...ile de dire non à quelqu'un qui est dans le malheur mais c'est parfois le devoir de la société et des tiers. J'ai beaucoup apprécié, madame la ministre des solidarités et de la santé, votre propos : ce n'est pas la femme qui est fragile, c'est la veuve – et le veuf l'est d'ailleurs tout autant. Je n'aime pas évoquer mon expérience personnelle mais chacun vient ici avec son histoire. J'ai vécu un deuil, celui d'une femme que j'aimais et qui m'aimait. Je sais ce que cela représente. Pendant plusieurs jours, plusieurs mois, on pense, on vit, on rêve avec elle. On aime revoir les photographies, entendre la voix enregistrée par hasard, quelques heures auparavant, sur son répondeur. On aime aller là où elle aimait aller. On aime croiser les gens qu'elle aimait croiser. De même, on aime rencontrer de...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle de Vaucouleurs :

Le débat sur l'AMP post mortem, à la suite de l'ouverture de l'AMP aux femmes seules, est pleinement légitime. Je comprends en même temps la difficulté psychologique qu'il peut y avoir à faire naître un enfant d'une personne décédée et la fixation d'un délai paraît très arbitraire. Combien de temps, en effet, faut-il pour faire son deuil : trois mois, six mois, un an, deux ans ? Quel délai est-il raisonnable, ensuite, pour recourir à l'AMP ? Je n'ignore pas que chaque situation a sa spécificité : recours ou non aux gamètes de la personne décédée ; prise en considération du parcours d'assistance médicale ; existence ou non d'une fratrie… Viennent les difficultés liées à la filiation et à la succession. Concernant la poursuite d'u...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBénédicte Pételle :

...siècle, au XXe ou au XXIe siècle, on reste humain et on reste fragile. Enfin, au nom de l'intérêt supérieur de l'enfant, comment peut-on concevoir un enfant orphelin ? Il y a une différence avec le cas d'une femme enceinte qui devient veuve, car dans cette dernière situation l'embryon est déjà implanté. Comment l'enfant orphelin pourra-t-il ne pas devenir l'enfant réparateur, celui qui comble un deuil ? Quelles seront pour lui les conséquences psychologiques d'avoir été engendré par un parent décédé ? Je voterai contre les amendements.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaëtitia Romeiro Dias, rapporteure de la commission spéciale :

...ureusement, la loi ne lui permet pas d'avoir cette réflexion. Elle n'a pas le choix : elle doit accepter la destruction de l'embryon ou l'abandonner à une autre femme ; elle doit renoncer à l'idée d'être mère ou se faire implanter un embryon conçu avec un donneur inconnu. Chers collègues, cette situation concrète suscite en moi plusieurs questions. Au nom de quoi pouvons-nous dire à une femme endeuillée qu'elle n'est plus apte à porter un embryon et à élever l'enfant qu'elle attend ? Au nom de quoi pouvons-nous affirmer qu'une autre femme sera plus à même de le faire ? J'ai bien entendu les arguments sur l'intérêt de l'enfant, mais est-ce l'intérêt de l'enfant de ne pas naître ? Ne nous trompons-nous pas de question ? Il ne s'agit pas tant aujourd'hui de savoir s'il est opportun, pour une f...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Christine Lang :

Il est indispensable que nous acceptions que la mort soit la fin. C'est ce qui fait notre condition humaine, quelle que soit la douleur éprouvée quand la mort marque la fin d'une histoire et de la capacité à procréer. Vous l'aurez compris, mes chers collègues, je ne voterai pas ces amendements. Il faut laisser le temps au deuil et former l'espoir que la vie réservera aux femmes endeuillées d'autres promesses, d'autres occasions, d'autres histoires d'amour et d'autres projets parentaux, différents du projet initial et cette fois-ci entièrement tournés vers la vie.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Christine Lang :

Il n'y a, selon moi, aucune contradiction entre ce que nous avons voté à l'article 1er et notre opposition à la PMA post mortem : nous souhaitons que toutes les femmes frappées par un deuil puissent former un nouveau projet parental.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Limon :

... clairement présenté les différentes positions dans ce débat, imprégnées de nos vécus et de nos parcours particuliers. Je me place, quant à moi, du point de vue de l'intérêt supérieur de l'enfant et je le dis sans ambages : je ne suis pas favorable à la PMA post mortem parce qu'elle fait peser une histoire trop lourde sur l'enfant. Il sera pour lui impossible de se construire dans une famille en deuil et sa construction identitaire sera entravée. Transmettre la vie à partir d'un résidu de mort, même si les gamètes ont été préservés du vivant du conjoint décédé, conduit, symboliquement, à priver volontairement un nouveau-né d'une référence paternelle vivante, dans la lignée de la filiation.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCoralie Dubost, rapporteure de la commission spéciale :

...ble d'accompagner ce choix de vie ô combien complexe, comme l'a encore souligné M. Dharréville ? Finalement, nous nous sommes assez peu posé cette question. Parmi tous les amendements dont nous discutons, très peu proposent de mettre en place une structure d'évaluation et d'accompagnement dans la décision. C'est cela, l'enjeu réel ! Évidemment, M. Le Fur a raison : qui peut nier la violence d'un deuil dans une vie ? Qui peut nier le fait que nous ne soyons pas égaux face à la violence d'un deuil dans une vie ? Certains auront besoin de tourner la page, mais il faut peut-être aussi laisser la place aux femmes qui seraient dans une résilience et qui souhaiteraient transmettre cette dernière à un enfant. Bien des femmes élèvent des enfants malgré la perte de leur conjoint pendant une grossesse ob...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Martin :

Certaines décisions du Conseil d'État et de la Cour de cassation ont contraint l'État français à restituer à des femmes en situation de deuil du matériel génétique leur permettant de bénéficier d'une PMA à l'étranger. Or, dans le cadre de ce projet de loi, nous voulons justement éviter que ces femmes et, plus généralement, toutes les femmes soient encore contraintes demain d'aller à l'étranger pour bénéficier d'une PMA. Ma deuxième remarque sera plutôt d'ordre humain. On a beaucoup parlé de la situation de deuil de ces femmes et de l'...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaetitia Avia :

...es difficultés juridiques insurmontables et des difficultés nécessitant quelques aménagements. En l'occurrence, seuls de simples aménagements sont nécessaires. La question qui nous est posée est d'ordre psychologique. J'entends les interventions de nos collègues depuis tout à l'heure, mais n'oublions pas que, de tout temps et demain encore, des enfants continueront de naître dans des familles en deuil. Oui, aujourd'hui, des enfants naissent dans des familles en deuil. J'espère d'ailleurs qu'aucune jeune veuve n'est en train d'écouter nos débats…

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaetitia Avia :

Je ne veux énoncer aucune vérité, mais lorsque nous parlons de « substituts », d'« enfants réparateurs » ou du poids du deuil qui serait imposé à un enfant à naître en raison du décès de son père, n'oublions pas que ces situations peuvent exister dans notre société, y compris en dehors de la technique de la PMA post mortem. Je vous le répète, je n'ai aucune vérité à énoncer. Je souhaite juste rappeler ce que nous disons depuis hier : lorsque nous parlons de la PMA pour toutes les femmes, seules ou en couple, faisons-le...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

... ! Je pense que personne ici ne viendrait dire qu'il faut interrompre une grossesse naturelle sous prétexte que le père est mort, même si ce dernier savait, au moment de la conception, qu'il allait mourir. Ma deuxième remarque renvoie au droit d'une femme à décider d'elle-même, de son propre corps, de sa propre vie et même, cher Marc Le Fur – votre intervention m'a beaucoup ému – , de son propre deuil. Pour ma part, je considère que quelqu'un ne meurt jamais tout à fait tant qu'une personne pense à lui sur terre. Peut-on alors considérer que le deuil est moins le fait d'oublier que de continuer à vivre heureux en pensant à la personne défunte ? C'est comme cela que je vois les choses. Dès lors, le deuil sera-t-il plus facile en donnant naissance à un enfant dont le père est l'homme avec lequel...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

...ments favorables à la PMA post mortem seront adoptés – , ce débat aura compté parce qu'il éclaire des opinions variées tout en les enrichissant. Et il sera utile à celles et ceux qui devront à nouveau discuter de ces questions éthiques, sachant qu'elles vont continuer à travailler la société. J'ajouterai plusieurs éléments à la réflexion. Tout d'abord, s'agissant de la question de la mort et du deuil, je rappelle que sans être des psychologues, nous devons être des législateurs ou des législatrices et prendre des décisions en fonction de notre conception du monde, de la société et des rapports des uns avec les autres. Le deuil n'a pas de limite temporelle établie : il peut être très court lorsqu'on arrive à tourner la page assez rapidement, ou durer toute une vie, même si je crois que l'on po...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurianne Rossi :

...ons très dignes et émouvantes que j'ai entendues ; je pense à celle de notre collègue Le Fur. Notre assemblée n'a finalement pas de certitude sur un tel sujet. Il n'est ni naturel ni aisé de concevoir que l'on puisse donner la vie par-delà la mort, ce qui appelle une réflexion profonde. J'ai moi-même beaucoup lu, écouté et réfléchi sur ce sujet qui interroge notre rapport à la vie, à la mort, au deuil. Mais un souci de cohérence et de justice doit nous guider dans les débats sur ce projet de loi. Pour ma part, la question que je me pose est la suivante : serais-je en capacité d'expliquer à une veuve dont la démarche de procréation médicale assistée, engagée avec son conjoint depuis disparu, aura presque abouti – l'embryon ayant été finalement conçu – , que cet embryon devra être détruit ou céd...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeorge Pau-Langevin :

...térieurement. Il serait illogique de ne pas aller au bout du processus et de ne pas permettre à une femme de poursuivre le projet qu'elle a conçu avec son partenaire et qu'elle veut très normalement voir aboutir, même si ce dernier est décédé. Il y a quelque chose de cruel dans le fait d'enlever son enfant à une femme ayant déjà perdu son partenaire. On m'opposera que les enfants conçus dans le deuil n'iront pas bien. Puisque chacun y va de son anecdote, je citerai le cas d'une amie dont le compagnon, bijoutier, a été tué brutalement. Quelques semaines après cette tragédie, un rayon de soleil est réapparu dans la vie de cette jeune femme lorsqu'elle a appris qu'elle était enceinte. Son enfant a aujourd'hui vingt-cinq ans. Il se porte très bien. Il a été élevé avec l'amour de ses parents et de...