Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du lundi 29 mars 2021 à 16h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Franchement, êtes-vous sûre de votre stratégie de défense, madame la ministre ? Vous en arrivez même à fatiguer vos propres agents, qui ne sont pas dupes de vos petites manoeuvres. Je cite l'un d'eux : « J'ai fait un burn-out. Pas celui où l'on travaille trop. Non, pensez-vous, l'écologie sous Macron ! Non, un burn-out de manque de sens dans mon travail. Je voulais parler permaculture, collapsologie et résilience locale ; on me demande de serrer des mains, de me réjouir des tasses qui remplacent les gobelets plastiques et d'organiser l'étape du Tour de France des objectifs du développement durable dans ma région. » Les syndicats de votre ministère ont même un mot pour cela : « inaction verbeuse ».

Je vous entendais hier, madame Pompili, dire qu'il fallait continuer à se battre, continuer encore, ne surtout pas baisser les bras. Encore faudrait-il les lever, ne serait-ce que pour dire aux lobbys de se taire. C'est votre quatrième chef d'accusation : le conflit d'intérêts. Alors que nous devrions être guidés par l'intérêt général, vous êtes les ventriloques des intérêts privés et c'est ainsi que vous avez écrit un texte qui fait reposer notre destin sur la bonne volonté des multinationales : vous leur dites qu'elles peuvent, sans être obligées, mais que ça serait quand même bien qu'elles fassent un petit effort, parce que cela sera obligatoire en 2065, et vous leur demandez gentiment d'être sympas et de ne pas trop polluer. L'écologie de la caresse n'a fait ses preuves nulle part ! Ce qu'il nous faut, c'est une rupture claire avec nos modes de production et de consommation devenus fous. La pandémie en est la démonstration la plus flagrante : ce que nous traversons est une crise de la frontière écologique. Déforestation, agriculture et élevage intensifs, commerce illégal d'animaux sauvages : la persistance de ces pratiques nous assure que nous ne faisons qu'entrer dans l'ère des pandémies.

Il faut sortir de ce marasme. C'est ce que nous appelons la bifurcation écologique et solidaire. La destruction de nos écosystèmes, l'agression permanente de la société de consommation, la création de la frustration pour faire tourner la machine à consommer : tout cela doit prendre fin. Nous devons « désaccumuler ».

De quoi avons-nous réellement besoin ? Cette question est celle qui met fondamentalement en péril tout votre édifice libéral. Vous savez, personne n'irait pleurer la disparition de panneaux publicitaires lumineux ou la fin des publicités pour les SUV. En revanche, nos concitoyens se plaignent de l'air pollué qu'ils respirent et font respirer à leurs enfants, ils s'inquiètent de la qualité de la nourriture et de l'eau qu'ils consomment. Vous tremblez quand il s'agit de contraindre les multinationales…

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