Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mercredi 7 avril 2021 à 15h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Après l'article 19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Effectivement, madame la rapporteure, nous avons toutes et tous préparé ces amendements avec l'association Canopée, qui est extrêmement engagée sur ces sujets. Or vos sous-amendements vident nos amendements de leur substance, alors que nous n'avons même pas évoqué l'encadrement des coupes rases, qui est pourtant un sujet majeur, ni les services publics forestiers, que vous êtes en train de saigner. Nous voulons simplement équilibrer les différentes missions assignées aux forêts par le code forestier, notamment les fonctions de puits de carbone et de refuge de la biodiversité, sans parler de la question de l'eau ou de celle de l'air, dont nous parlions à l'instant.

Il faut quand même que tout le monde comprenne ce qui est en train de se passer. Vous nous proposez d'abord de supprimer la notion de bon état de conservation des forêts, madame la secrétaire d'État, alors que seules 18 % des forêts d'intérêt communautaire sont dans un bon état de conservation, sachant que toute la stratégie de protection de la biodiversité a été fondée sur le volontariat. Nous avons donc besoin de renforcer la loi sur ces questions, et au contraire, vous nous proposez de nouveau une stratégie fondée sur le volontariat. Mais le volontariat, ça ne marche pas, mesdames les ministres ! C'est cela qu'il faut tirer comme leçon ! C'est une aberration, quand seulement 18 % de nos forêts sont en bon état écologique de conservation, de supprimer cet élément de nos amendements !

Deuxièmement, vous proposez de supprimer l'obligation de diversifier les essences à l'échelle de la parcelle. Cela veut dire qu'une parcelle de 300 hectares comportant 280 hectares de Douglas et des petits spots de diversification par-ci par-là, situés généralement au bord des routes pour faire joli dans le paysage, sera considérée comme suffisamment diversifiée. Nous ne sommes pas d'accord avec cela non plus, et c'est pourquoi nous avons demandé des scrutins publics sur tous ces sous-amendements qui vident nos amendements de tout contenu.

Et puis vous voulez qu'on supprime ce qui concerne le puits de carbone. Certes, les forêts ne sont pas qu'un puits de carbone, mais il est extrêmement important qu'elles le soient ! Vous êtes en train de nous proposer de supprimer ce qui figure dans l'accord de Paris ! Je vous renvoie entre autres au rapport du Haut Conseil pour le climat, qui montre que sur la période 2015- 2018, le puits net de carbone a diminué de 2,1 % par an, alors que la stratégie nationale bas-carbone fixe un objectif d'augmentation de 11 %. Là encore, nous avons la preuve que cette stratégie a échoué, et pourtant vous voulez continuer comme ça, alors qu'en plus, les effets de substitution sont extrêmement critiquables et ne peuvent justifier d'augmenter encore de manière complètement irresponsable la récolte de bois.

Dernier point, madame la rapporteure, vous voulez placer la migration assistée des essences au même niveau que la régénération naturelle. Là aussi, nous ne sommes absolument pas d'accord. Si la régénération naturelle est insuffisante en qualité, il faut s'appuyer sur la résilience et l'observation. Vider ces amendements de leur contenu, c'est priver les forestiers de secteurs suffisamment étendus pour qu'ils puissent les observer.

Voilà ce que vous êtes en train de faire, notamment au travers du plan de relance, en croyant que vous avez là une solution miracle, alors que de nombreux exemples montrent que c'est un échec et que c'est au contraire lorsqu'une forêt est diversifiée, avec des essences diverses de différents âges, qu'elle est beaucoup plus résiliente.

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