Intervention de Loïc Prud'homme

Séance en hémicycle du mercredi 7 avril 2021 à 21h15
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 19 bis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

L'eau est un produit financier, sur lequel il devient même possible de spéculer, comme c'est le cas en Californie depuis septembre 2020. Le rêve de la banque Goldman Sachs se réalise : l'eau sera le pétrole du XXIe siècle. L'or bleu est désormais une ressource convoitée et qui aiguise les appétits des géants de la finance.

En France, le marché de la gestion de l'eau est juteux et opaque. Les outre-mer, notamment, sont en première ligne de la mauvaise gestion de l'eau et de ses conséquences.

Le marché de l'eau en bouteille, grand responsable de la privatisation de l'eau, conduit à des prédations écologiques considérables : à Vittel, dans les Vosges, ou à Volvic, dans le Puy-de-Dôme, des multinationales comme Nestlé Waters, Neptune et Danone accaparent les ressources en eau, au détriment des populations locales. L'État doit arrêter et sanctionner la dégradation des équilibres de nos écosystèmes et l'accaparement de nos ressources aquatiques.

Évoquant la préservation de cette ressource rare, Martial Saddier a lancé une mise en garde : « Il faut économiser, économiser, économiser. » De fait, en 2021, en pleine crise sanitaire, des Français n'ont pas encore accès à l'eau et un litre d'eau sur cinq se perd en fuites, dans un réseau mal entretenu. Les habitants des outre-mer subissent depuis des mois des coupures d'eau, qui rendent le quotidien insupportable ; le cas de la Guadeloupe est notamment emblématique d'une gestion catastrophique de cette ressource en eau, et les tours d'eau sont récurrents tout au long de l'année. Le coût de remise en état de l'ensemble du réseau public d'eau potable y est estimé à 1 milliard d'euros, et il est donc maintenant indispensable que l'État s'empare de cette question.

Permettez-moi, puisque j'en suis aux outre-mer, d'évoquer aussi la gestion qualitative de l'eau, au travers de la question du chlordécone. À ce jour, le plan chlordécone IV est insuffisant face aux enjeux. Il revient à 15 euros par personne et par an pour la Guadeloupe et la Martinique, et ne contient pas de volet de dépollution ciblé précisément sur les zones contaminées. Là encore, l'État doit investir massivement pour identifier et assainir la ressource en eau contaminée en phytosanitaire.

Pour finir sur cette question de la qualité de notre ressource en eau et de sa préservation, je vous ai interrogée, madame la secrétaire d'État, sur le déclassement du fin chevelu de nos cours d'eau, qui, de fait, le soumet à des pollutions diffuses. J'aimerais connaître votre position sur le sujet et savoir si vous allez enfin faire quelque chose pour la préservation des bassins versants.

Voilà les quelques remarques que je voulais faire, en m'efforçant d'avoir été le plus synthétique possible, à l'occasion de cet amendement, qui va faire tomber les amendements nos 6742 , 6743 et 6744 que je devais défendre.

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