Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du jeudi 8 avril 2021 à 9h00
Protection patrimoniale et promotion des langues régionales — Article 2 ter

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Je reprends mon propos en formulant le voeu de ne plus être interrompu comme je l'ai été.

Je veux que, premièrement, tous les enfants de France aillent à l'école, deuxièmement, qu'ils parlent le français – ces souhaits sont assez simples et n'ont rien de scandaleux – et, troisièmement, qu'il leur soit possible d'apprendre des langues régionales. Il me semble que nous pouvons nous entendre sur ces trois principes, qui ne sont pas contradictoires. C'est ce que j'ai dit dans mon propos introductif et c'est le sens de mes propositions.

Je respecte la position du député Molac et soutiens les langues régionales. L'ensemble de ma vie personnelle et professionnelle en témoigne. J'ai agi en faveur des langues régionales beaucoup plus que certains députés qui tiennent ici des discours enflammés. Je suis ému autant que vous lorsque je vois qu'une langue est menacée de disparition et je pense que, dans ce cas, il faut en effet la conforter.

Je suis totalement d'accord avec le député Ruffin lorsqu'il estime qu'il existe un problème de biodiversité des langues. Encore une fois, la question est celle du comment, certainement pas du pourquoi. Nous souhaitons tous, sur l'ensemble des bancs, promouvoir les langues régionales. Personne ne se prononcera contre ces langues, et certainement pas moi.

Par conséquent, ne faites pas preuve de manichéisme en prétendant que la proposition que nous formulons serait défavorable aux langues régionales. Je respecte le député Molac et comprends ses positions. Mais vous devez aussi comprendre que le ministre de l'éducation nationale doit veiller à ce que, sur le territoire de la République, tous les enfants de France aient non seulement le devoir mais aussi le droit d'apprendre le français.

L'article 2 ter répond-il à cette exigence ? Il est vrai qu'il faut commencer par examiner la situation au regard de la Constitution et du droit. Un député a affirmé que le Conseil d'État ne se référait pas à la Constitution. C'est faux. Dans les visas de son fameux arrêt de 2002, il a mentionné l'article 2 de la Constitution, ce qui est bien normal, car il était alors chargé d'examiner une mesure du ministère de l'éducation nationale de l'époque, visant à lancer, à travers différents méthodes, la généralisation d'un enseignement immersif. Le ministère s'était vu répondre qu'une telle mesure était contraire au principe qui découle de l'article 2 de la Constitution et selon lequel les enfants doivent apprendre le français.

L'objectif, aujourd'hui, n'est certainement pas de limiter les langues régionales. À cet égard, je veux répéter ce que j'ai dit lors de la présentation de ce débat : depuis 2017, le nombre d'élèves qui apprennent une langue régionale a augmenté. Nous avons donc progressé sur cette question, toute caricature est inutile. Nous devons cependant être conscients de l'effet qu'auront, demain, les mesures dont nous parlons aujourd'hui. Certes, elles n'auront pas de conséquence dans un, deux ou trois ans, mais pensons à ce qui pourrait se passer dans dix, quarante ou cinquante ans.

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