Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du jeudi 8 avril 2021 à 9h00
Protection patrimoniale et promotion des langues régionales — Article 2 ter

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Historiquement, les choses se sont inversées : la véritable immersion, c'est évidemment la langue que l'on parle en famille. Tout le monde est libre de parler breton en famille, par exemple, cela va de soi. Avant la guerre de 1914, à une époque totalement différente de la nôtre, on forçait les enfants à ne pas parler leur langue familiale ; on avait eu tort de le faire. Aujourd'hui, la situation est inversée : on ne parle pas le breton en famille et on veut qu'il soit appris à l'école. Notre raisonnement doit donc changer.

Il est tout à fait exact de dire qu'on parlait breton ou occitan à Verdun, qu'on se battait pour la France tout en étant de langue maternelle régionale. Mais justement, ces soldats étaient allés à l'école de la République, où ils avaient appris le français ; même si c'était une sorte de deuxième langue, on aimait la France grâce à elle. En réalité, tout ce que vous avez dit, les uns et les autres, conforte ma proposition de suppression de l'article 2 ter. Vous prenez des exemples historiques qui montrent bien le rôle fondamental de l'école pour la consolidation de la République.

Il s'agit de savoir si l'immersion doit être consacrée pour promouvoir les langues régionales. Encore une fois, les exemples pédagogiques que vous avez cités montrent que le plus efficace est d'adopter une répartition 5050. D'ailleurs les écoles qui enseignent les langues étrangères le savent très bien et s'organisent ainsi. Je ne vois pas pourquoi on pousserait le bouchon jusqu'à refuser le français dans telle ou telle discipline.

Ce n'est pas votre cas, je ne vous fais pas ce procès, mais certains défendent ce dispositif avec des arrière-pensées ; ils sauront se saisir d'un tel outil. Il faut garder une conscience historique et géopolitique de la situation européenne au moment de prendre de semblables décisions. Ne doutez pas de ma bonne foi – je ne doute pas de la vôtre.

Vous avez un coeur, monsieur Le Fur, je ne mets pas son existence en question une seconde… ,

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.