Intervention de Thibault Bazin

Séance en hémicycle du jeudi 8 avril 2021 à 15h00
Droit à une fin de vie libre et choisie — Avant l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThibault Bazin :

La fin de vie nous concernera tous ; elle mérite donc qu'on lui consacre du temps. Tant de nos concitoyens sont préoccupés légitimement par leur propre fin de vie et par celle de leurs proches ! Aucun d'entre nous ne peut rester insensible à leurs témoignages de souffrance, de peur ou de solitude. Ce moment de la vie si particulier est très sensible.

Alors que nous entamons ce débat essentiel, les questions éthiques que je me pose sont nombreuses. Les médecins peuvent-ils aujourd'hui apaiser la souffrance d'un patient quelle que soit la nature de cette souffrance ? Comment évaluer la souffrance psychique et comment la définir ? Comment mesurer la souffrance physique ? Quelle est la capacité de la médecine à soulager cette souffrance ? Peut-elle répondre à cette attente profondément humaine de voir soulagée la souffrance, que ce soit en établissement ou en ville ? Peut-on autoriser une présence afin de ne pas mourir seul ? Comment les proches et la famille peuvent-ils être accompagnés, s'ils le souhaitent, à ce moment si difficile de la vie ?

La vie nous a été donnée. Le lien avec les auteurs de notre vie, nos parents, et avec la société nous inscrits dans une fraternité dont nous ne pouvons nous départir. La manière avec laquelle la société française accompagnera la fin de vie de nos concitoyens doit être profondément humaine. Comment notre société soulage-t-elle leur souffrance, permet-elle une présence aux côtés du patient et rend-elle possible une fin de vie à la maison si tel est le choix du patient ? Les réponses que nous apporterons à ces questions diront le rapport de notre société à la vulnérabilité, aux malades et à nos aînés en perte d'autonomie. Je plaide, pour ma part, pour une éthique de la vulnérabilité.

Lors des auditions préalables que vous avez organisées avec un grand sérieux, monsieur le rapporteur, j'ai été sensible aux constats dressés par la Haute Autorité de santé et l'Académie nationale de médecine : la loi actuelle est mal connue et les moyens pour mettre en oeuvre les soins palliatifs sont insuffisants et inégaux. D'ailleurs, les métiers de l'accompagnement de la vie mériteraient d'être mieux valorisés. Chers collègues, sommes-nous prêts à investir collectivement dans la fin de vie ?

Avant même les conclusions du débat national que vous souhaitez organiser, monsieur le ministre, il convient, de manière urgente, de déployer les soins palliatifs sur tout le territoire, en établissement comme à domicile, d'organiser des campagnes d'information afin de mieux faire connaître la loi Claeys-Leonetti et de développer la formation initiale et continue des soignants aux soins palliatifs. Tel est le sens du présent amendement.

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