Intervention de Jean-Marie Sermier

Séance en hémicycle du samedi 10 avril 2021 à 15h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 35

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Sermier, LR :

Après avoir évoqué le nucléaire et l'automobile, nous abordons, avec l'article 35, la légitimité de la filière aéronautique française, qui est la troisième filière d'excellence de notre pays et la troisième en termes de création d'emplois. Additionnées, ces trois filières représentent près de 800 000 ou 900 000 emplois. Il faut faire évoluer nos mobilités, nous en avons conscience, comme nos sources d'énergie ; mais ces filières permettent aussi de créer de l'emploi et contribuent à l'aménagement du territoire. Nul ne dira l'inverse à Toulouse, ville dont le nom vient immédiatement à l'esprit, avec celui de bien d'autres endroits encore, lorsqu'il est question d'aéronautique, comme ceux de Sochaux ou du Nord-Franche-Comté lorsqu'il est question d'automobile. Il faut donc agir avec précaution.

Je rappelle que le texte que nous examinons porte sur le climat, que nous souhaitons tous réduire les émissions de gaz à effet de serre et que la France pèse, au niveau mondial, pour 0,8 % ou 0,9 % de ces émissions. Il faut certes donner un peu l'exemple, car la France a toujours été le phare de l'humanité, ou du moins le croit-elle ; mais il faut tout de même prendre garde à ne pas casser toute notre économie et donc à ne pas laisser d'autres pays le soin de faire des investissements et de créer des activités qui ne seraient ni plus ni moins que du carbone importé – comme on parle de déforestation importée lorsqu'on laisse faire aux autres ce qu'on ne veut pas faire soi-même. Attention donc à cette filière !

J'ai le sentiment qu'après l'agribashing et la dénonciation des camions comme pollueurs à maltraiter, le tour de l'avion est venu. Or, ce secteur représente 180 000 emplois et je tiens à remercier les 180 000 personnes qui travaillent dans cette filière d'en avoir fait depuis de très nombreuses années une filière d'exception et d'excellence, et à leur dire que nous comptons sur eux pour continuer à ce qu'elle le soit.

Enfin, s'il y a des adaptations à trouver, il faut rappeler que ce secteur ne représente malgré tout que 2 % ou 3 % environ des émissions de CO2 au niveau national : en supprimant les avions en France, on n'agirait que sur 3 % de 0,8 %, ce qui serait loin de régler le problème du climat mondial, mais on créerait 180 000 chômeurs et on perdrait toute l'expérience du secteur. Allons-y donc mollo dans cette affaire, car nous pourrions nous réveiller un jour dans une situation bien difficile.

Nous ne sommes, au sein du groupe Les Républicains, pas opposés à l'idée de travailler à une adaptation, mais nous sommes très clairs sur le fait que nous ne voulons pas de décroissance ni d'une moindre mobilité pour les générations qui nous succèderont. À quel titre, nous qui avons pu bénéficier d'une certaine qualité de vie et de voyages, irions-nous maintenant dire à nos enfants et petits-enfants qu'à partir de maintenant, ils n'auront plus la possibilité de se déplacer et qu'ils devront devenir parfaitement sobres ? Nous ne sommes pas favorables à cela, mais à la décarbonation des activités et de la mobilité. Or, que faites-vous et quel est votre engagement, notamment envers l'avion plus ou moins décarboné, projet qui avancera tranquillement, avec des paliers successifs, et qui aboutira, on le sait, vers 2035, probablement avec l'avion à hydrogène ? Comment pouvons-nous avoir une vraie industrie, un vrai consortium permettant que, demain, notre avion français ou européen soit utilisé partout sur la planète parce qu'il sera décarboné ? De fait, un avion décarboné serait un moyen de transport idéal, car l'aviation ne requiert presque pas d'infrastructures entre la piste d'envol et la piste d'atterrissage. Ainsi, du jour au lendemain, en quinze ans, nous pourrions faire de ce moyen de transport un véhicule complètement écologique et adapté à l'évolution du climat. Attention, donc, à ne pas casser par quelques taxes supplémentaires momentanées une filière qui ne demande qu'à vivre !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.