Intervention de Gilles Lurton

Séance en hémicycle du jeudi 7 décembre 2017 à 9h30
Dons de jours de repos non pris aux aidants familiaux — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Lurton :

Nous la soutiendrons tout d'abord parce qu'elle est créatrice d'un lien de fraternité. Et c'est bien la fraternité – nous pourrions aussi parler de solidarité – qui guide celui ou celle qui choisit d'aider son proche malade ou en situation de perte d'autonomie. Mais cette fraternité n'est pas sans contrepartie : elle doit s'accompagner du soutien de notre société aux aidants ! En aidant leurs parents à vieillir dans de meilleures conditions, ils ont en effet souvent tendance à s'isoler, parce qu'ils aménagent leur temps de travail en fonction des besoins de leur proche et que cette mission quotidienne est une charge lourde. Nous soutiendrons, disais-je, cette proposition parce qu'elle contribue à rééquilibrer la fraternité, cette solidarité qui permet à l'aidant de rester aux côtés de son proche parent grâce au soutien de ses collègues de travail.

Nous la soutiendrons aussi parce que, mon cher collègue, vous nous proposez une solution pragmatique à une situation, celle du proche aidant, qui concernera, j'en suis convaincu, de plus en plus de monde dans les années à venir.

Mais nous savons que votre proposition de loi ne peut être qu'une solution partielle : elle doit être l'occasion pour le Gouvernement et pour notre assemblée de réfléchir à des solutions plus profondes, plus appropriées. Le rapport sur l'application de la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement rendu mardi dernier par nos collègues Agnès Firmin Le Bodo et Charlotte Lecocq nous démontre, s'il le fallait, combien nous avons encore des difficultés à prendre en charge la dépendance de nos aînés. Le droit au répit des aidants, consacré dorénavant par la loi susmentionnée, rencontre bien des difficultés à se mettre en place faute de solutions d'accueil ou de prise en charge des patients pendant l'exercice de ce droit, en particulier faute de lits d'accueil temporaire en nombre suffisant ou, quand les lits existent, du fait même de l'embolisation du système par des personnes en situation d'urgence, l'accueil temporaire devenant alors permanent. Je note cependant, madame la ministre, l'inscription de 1 500 lits d'accueil temporaire au PLFSS 2018 et je soutiens cette décision, comme celle de lancer la création de 4 500 lits en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Mais nous devons poursuivre cet effort et envisager de nouvelles créations de lits pour accueillir celles et ceux qui en ont besoin dans les régions où la pression est la plus forte. J'entends, madame la ministre, que la demande n'est pas la même partout et que certains EHPAD ne font pas le plein. Il va donc falloir procéder à une analyse très fine de la situation, et puis imaginer les solutions les plus innovantes pour développer l'accueil des personnes âgées. Je pense notamment à l'élargissement des missions des EHPAD et à leur transformation en plateformes d'accueil adaptables à toutes les situations, et bien sûr aussi à l'accueil familial, même si j'en connais toutes les limites, ainsi qu'au développement du maintien à domicile des personnes avec des services adaptés de jour comme de nuit.

Note collègue Alain Ramadier nous le rappelait il y a quelques instants : les aidants souffrent de fatigue, de difficultés psychologiques, de manque d'accompagnement, mais également de dégradation de leur santé physique. Nous avons le devoir de concrétiser à leur intention les perspectives de la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement. Nous avons le devoir de les accompagner. Je considère que cette proposition de loi est une réponse à la problématique de l'accompagnement des personnes dépendantes. De ces divers textes sortira un cadre légal qui, enfin, permettra aux aidants de concilier vie professionnelle, vie familiale et, plus précisément en l'occurrence, contraintes de famille. Le groupe Les Républicains votera cette proposition de loi.

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