Intervention de Jean-Marie Sermier

Séance en hémicycle du jeudi 7 décembre 2017 à 15h00
Création d'une agence nationale pour la cohésion des territoires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Sermier :

… de nous proposer un texte qui permet de parler dans cet hémicycle de la nécessaire égalité des chances à donner à tous les territoires de la République qui composent notre pays. La ruralité vaut bien qu'on s'y arrête ; elle mérite un débat, et nous prendrons le temps nécessaire.

Comme j'ai l'occasion de le dire souvent dans cette assemblée, notre ruralité souffre. Bien sûr, M. le ministre comme M. Vigier l'ont souligné, il ne faut pas opposer de façon manichéenne la France des villes à la France des campagnes. Mais il faut être honnête : beaucoup de collectivités ne jouent pas encore leur rôle, en tout cas celui auquel elles pourraient prétendre. Une étude récente du Commissariat général à l'égalité des territoires précise que si les métropoles créent des emplois chez elles, elles n'ont pas d'effet d'entraînement sur les territoires qui les entourent. Je crois que c'est grave : au-delà des problèmes budgétaires, il importe que les collectivités soient solidaires les unes des autres – la campagne des métropoles, et les métropoles de l'ensemble de nos communes. Bien sûr, il faut être juste et reconnaître que beaucoup a été fait ces dernières années, mais la priorité a été donnée à l'émergence du Grand Paris, à la création des métropoles et aux grands plans de rénovation urbaine ; dans le même temps, les territoires ruraux, qui se heurtaient à de nombreuses difficultés, se sont sentis abandonnés et sacrifiés, et n'ont pas manqué de nous le dire lors des dernières échéances électorales.

Comme le souligne la proposition de loi, tous les enjeux sont aujourd'hui transversaux. Ils concernent l'agriculture, bien sûr, car les exploitants peinent à vivre du fruit de leur travail, eux qui sont la base des territoires ruraux, cadrant l'ensemble des petites communes. Mais au-delà de l'agriculture, ils touchent également aux services publics, avec la fermeture de bureaux de poste, de casernes de gendarmerie ou encore de classes d'écoles. Bien sûr qu'il faut changer et adapter les choses. Dans les départements qui perdent beaucoup d'élèves, on ne peut plus laisser les communes construire des écoles sans que les maires disposent d'une visibilité sur plusieurs années. Nos campagnes font également face au problème de l'accès aux soins : il est désormais bien difficile d'y trouver un médecin ; pire, selon un sondage commandé par l'Ordre des médecins, 63 % des étudiants et 60 % des jeunes médecins n'envisagent tout simplement pas de s'installer en zone rurale – non parce qu'ils y seraient moins bien qu'ailleurs, mais en raison des fortes exigences de disponibilité que les médecins d'aujourd'hui, comme le reste de la société d'ailleurs, n'acceptent plus.

II y a aussi le retard pris dans le déploiement de la fibre optique. Quel ministre, depuis bien des années, n'a pas dit que c'était sa priorité ? Quel ministre n'a pas annoncé qu'à la fin de l'année suivante, nous verrions déjà un certain nombre de réseaux se déployer ? Malheureusement, plus personne ne croit à ces promesses là où la couverture fait défaut. J'étais tout à l'heure en liaison téléphonique avec une entreprise de ma circonscription, qui compte quelques salariés ; parce qu'elle ne bénéficie pas de la fibre optique, elle est obligée de demander un réseau dédié, en aérien, qui lui coûte, pour quelques centaines de mètres, 12 000 euros !

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