Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du jeudi 7 décembre 2017 à 15h00
Création d'une agence nationale pour la cohésion des territoires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Est-ce que je m'éloigne de la proposition de loi que nous étudions aujourd'hui ? Je ne le crois pas, parce que c'est bien là le sujet. Si nous devons créer une énième agence tout en gardant la même façon de fonctionner, la même manière de gouverner, cela ne servira à rien. Alors disons les choses. Car à trop manier les généralités, à essayer de faire croire que tous, habitants d'un village comme d'une grande métropole, ont leurs problèmes que cette agence pourrait permettre de « dépasser » – c'est le mot choisi ; à force de ne vouloir faire de peine à personne, on finit par ne plus rien dire.

Je ne doute pas un instant de la bonne volonté des auteurs de cette proposition de loi. Mais c'est dans les silences de ce texte qu'on en mesure les limites. Non, nos territoires et leurs habitants ne sont pas confrontés aux mêmes « problématiques », pour reprendre le mot employé. Oui, certains sont mieux traités que d'autres, certains se développent au détriment des autres. Chacun le sait bien : la décentralisation a vu les préfectures de région prendre leur essor en asphyxiant littéralement les villes environnantes. On a reproduit au niveau des régions le centralisme français.

Nos dirigeants sont centralisateurs, jacobins jusqu'au bout des ongles. Aussi, à faire une telle agence au risque d'une nouvelle usine à gaz, comme cela a été dit plusieurs fois cet après-midi, il ne faut pas – mais je le crains malheureusement – qu'elle soit un nouveau visage du parisianisme à l'oeuvre, un nouvel outil aux mains de notre technocratie. Plus encore que de moyens, et il lui en manque, la France des villes moyennes et des villages a besoin de considération, je l'ai dit, mais aussi d'autonomie. Elle a besoin qu'on lui fasse confiance, qu'on cesse de la tenir en laisse, qu'on lui donne plus de liberté.

Nos 36 600 communes sont un atout, une force. Si agence il doit y avoir, il faut que les collectivités locales et leurs élus y aient toute leur place. Il faut les entendre, les écouter et les respecter. Il n'est pas bon bec que de Paris, mais il n'est pas non plus bon bec que des métropoles régionales. On pense, on réfléchit aussi dans nos petites villes, dans cette France d'en bas, dans cette France loin, si loin des dorures de la République, dans cette France qui n'acceptera plus qu'on l'oublie, qu'on la néglige, qu'on l'abandonne… agence ou pas.

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