Intervention de Claude Mandart

Réunion du mercredi 29 novembre 2017 à 17h05
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Claude Mandart, délégué syndical central de la Confédération française de l'encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC) Alstom France :

Nous avons gardé des liens avec nos collègues des organisations syndicales de GE, même si c'est toujours un peu difficile : loin des yeux, loin du coeur… Ils ont vécu un post-closing particulièrement difficile, notamment dans la branche « Renouvelables ».

En ce qui concerne les trois JV, il n'y a pas de soucis particuliers sur la partie « Grid », c'est-à-dire les réseaux électriques intelligents : nous n'avons pas trop d'échos négatifs. S'agissant de la branche GEAST, à savoir les turbines à vapeur et le nucléaire, des collègues de Belfort ont évoqué au téléphone, il n'y a pas très longtemps, leur charge de production : ils avaient à nouveau un certain nombre de programmes à rentrer. Il était question de quatre ou cinq turbines, qui allaient alimenter la production sur quelques années. Ils n'avaient donc pas non plus d'alertes particulières à signaler, même s'ils ne savaient pas vraiment comment l'activité de Belfort allait s'intégrer dans le plan de réduction d'effectifs annoncé par Siemens depuis quelques semaines. Sur l'activité « Renouvelables » – les éoliennes et l'hydraulique –, il y a en revanche un réel problème. Sans revenir sur toute l'histoire de nos collègues de Grenoble, c'est un immense gâchis. Il est bien question de créations d'emploi sur le site de Cherbourg, pour fabriquer des pales d'éoliennes, mais on est loin du tableau magnifique que l'on nous avait vendu au départ. Le meilleur exemple en est que le nouveau patron de GE est en train de taper sur son prédécesseur, Jeff Immelt, en l'accusant d'avoir acheté une fortune ce qui ne vaut finalement pas grand-chose… Cela résume tout.

Quant à l'activité « Signalisation » que GE nous a cédée, c'était finalement un cadeau empoisonné : entre le prix payé et la valeur réelle, la perte est de 124 millions d'euros. Le retour sur investissement ne se fera pas avant plusieurs dizaines d'années.

Enfin, plus personne n'ose parler d'alliance mondiale du ferroviaire, y compris chez Alstom, sous peine de faire rigoler… Une seule chose semble avoir un côté positif : le contrat Amtrak. Vous savez que nous avons gagné un contrat important sur une liaison ferroviaire à grande vitesse – ce n'est pas vraiment du TGV. On dit que ce contrat a été emporté avec le support commercial de GE…

Henri Poupart-Lafarge nous a dit hier, en comité de groupe « France », qu'Alstom était en conflit avec GE sur la partie « Signalling »que nous avons rachetée.

Au total, si l'on tire un grand trait pour faire l'addition, General Electric n'est pas content de ce qu'il a acheté à Alstom et Alstom n'est pas particulièrement ravi de ce qu'il a acheté à GE… Le bilan n'est donc pas très favorable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.