Intervention de Vincent Jozwiak

Réunion du mercredi 29 novembre 2017 à 17h05
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Vincent Jozwiak, représentant FO au comité central d'entreprise d'Alstom Transport SA (établissement de Petite-Forêt) :

Les commandes sont cycliques : certaines périodes sont très bonnes pour l'exportation, d'autres sont meilleures pour le marché domestique. Comme l'énergie, le secteur ferroviaire a toujours été cyclique. C'est d'ailleurs pour cette raison que la plupart des grands groupes industriels internationaux n'ont pas qu'une seule activité : General Electric, par exemple, n'est pas pure player. C'est un élément à prendre en compte, car même si, en reprenant la partie transport de Siemens, nous serons deux fois plus gros, notre activité n'en restera pas moins une mono-activité centrée sur le transport, au sens large du terme.

Concernant la concurrence, notamment face au géant chinois, la différence ne tient pas uniquement à la taille du chiffre d'affaires. Nous en revenons au Buy European Act : Siemens, Alstom et Bombardier sont des groupes internationaux. Je travaille dans l'établissement de Petite-Forêt, près de Valenciennes. Supposons que nous y inventions une solution qui permet de gagner 15 % de temps pour la réalisation d'un métro, et que nous la brevetons, qui peut croire que la direction d'Alstom va se contenter d'appliquer cette découverte dans notre seul établissement ? Elle la déclinera partout, dans toutes ses usines, y compris celles situées en Chine.

L'innovation est donc indispensable, mais ce n'est pas la solution qui va miraculeusement régler tous les problèmes. La distorsion de concurrence, car il faut appeler un chat un chat, est inévitable. Les Chinois sont peu présents pour le moment, mais ils vont vite arriver. Nous ne jouons pas à armes égales : les Chinois sont soutenus par l'État, ce qui n'est pas possible en Europe. C'est un vrai problème. Nous sommes dans un combat à deux gladiateurs, dont l'un a un bouclier et une épée, et l'autre n'a qu'une épée. Il y a dix ou quinze ans, notre épée était deux fois plus longue que celle du Chinois, alors nous arrivions encore à tenir la route. Mais depuis, nous avons perdu cet avantage, et notre adversaire a toujours son bouclier et nous pas… Et nous ne savons pas en quoi l'opération entre Siemens et Alstom permettra de résoudre le problème.

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