Intervention de Alain Bruneel

Séance en hémicycle du mardi 12 décembre 2017 à 9h30
Questions orales sans débat — Situation de l'hôpital de douai

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bruneel :

Madame la ministre des solidarités et de la santé, le 24 octobre dernier, je vous interpellais déjà, ici même, sur le cri d'alerte et de souffrance que lancent les personnels de santé et les patients. Force est de constater que, partout dans le pays, les hôpitaux publics sont au bord de la crise de nerfs. Je pense particulièrement à ceux de Bastia, Rennes, Châteaubriant, Évron, Montluçon ou Saint-Denis : tous ces établissements connaissent actuellement des mouvements de grève pour défendre les conditions de travail et l'accès aux soins.

Plus spécifiquement, j'aimerais vous interroger sur le sort de l'hôpital de Douai, situé au coeur d'un territoire où tous les indicateurs sont au rouge en termes d'emploi, de logement et de santé. J'ai pu constater, lors d'une récente visite sur place, à quel point cet établissement est sous tension. Turn-over important entre les services où il faut sans cesse boucher les trous dans l'urgence, abnégation du personnel à la tâche au détriment de leur vie sociale et familiale, perte de sens du travail, remise en cause des congés, compteur d'heures supplémentaires qui explose sans que celles-ci soient récupérées ou payées : voilà quelques éléments du quotidien à l'hôpital de Douai.

Depuis plusieurs mois, le stress monte également parmi les équipes. La dette de l'établissement a en effet grimpé de 3 millions en un an pour atteindre 4,7 millions aujourd'hui. Pris en étau entre les établissements de Lille, Lens et Valenciennes et subissant la concurrence du privé, l'hôpital de Douai est à la traîne dans la course aux actes médicaux imposée par la T2A – tarification à l'activité.

L'an dernier, la perte d'activité liée aux déclarations d'EPC – entérobactérie productrice de carbapénèmases – , une bactérie résistante à tous les antibiotiques, est estimée à près d'un demi-million d'euros pour cet établissement, qui a toujours suivi les contraintes de l'ARLIN – antenne régionale de lutte contre les infections nosocomiales – , quitte à refuser des malades. L'hôpital n'ayant pas de services spécifiques liés aux maladies infectieuses, les déclarations de plus en plus fréquentes de patients atteints d'EPC troublent sensiblement son fonctionnement.

Les craintes sont nombreuses que le retour à l'équilibre ne se traduise par la mise en sommeil de lits, le non-renouvellement de CDD, le redéploiement d'agents pour diminuer la masse salariale ou encore la privatisation d'activités transverses comme la restauration, les services techniques ou la blanchisserie hospitalière. Tous ces choix seraient fatals non seulement pour l'emploi mais également pour l'offre de soin de notre territoire, car ils mettraient en danger l'avenir même de l'hôpital.

À l'approche de la fin de l'année, ma question, qui est simple, appelle une réponse claire. Êtes-vous prête à débloquer une enveloppe financière d'urgence pour l'hôpital de Douai, dans la perspective d'un plan de rattrapage prenant en compte non seulement la situation financière compliquée de l'établissement mais également les besoins de santé importants de notre territoire ?

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