Intervention de Jean-Bernard Harnay

Réunion du mercredi 6 décembre 2017 à 16h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Jean-Bernard Harnay, délégué syndical CFDT au comité de groupe GE France :

General Electric est un acteur majeur de l'énergie électrique en France, en Europe et à travers le monde. Au-delà de la filière nucléaire, qui nous intéresse plus particulièrement ici, il assure également la maintenance et joue un rôle majeur à l'exportation. L'Assemblée nationale et le Gouvernement ne peuvent donc examiner son cas en le dissociant de la question globale de l'énergie dans notre pays, notamment au regard de la transition énergétique, qui, selon la CFDT, doit également être une transition en termes d'emplois, sans renoncer aux compétences et aux savoir-faire essentiels que GE maîtrise dans l'hydraulique, la vapeur (steam), l'éolien, le gaz, le transport de l'énergie et le contrôle-commande. Les pouvoirs publics doivent également s'interroger sur l'avenir du mix énergétique, qui doit nous permettre de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier, mais de produire à la fois de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables.

En rachetant la partie énergie d'Alstom, le groupe GE s'est doté d'une capacité d'ensemblier, ce qui signifie qu'elle ne se réduit pas à un fabricant de produits, mais vend des centrales électriques « clé en main », en assure la maîtrise d'oeuvre, c'est-à-dire la maîtrise de gestion de projets afférents à une centrale.

En matière de politique industrielle dans le secteur de l'énergie, la filière hydraulique de GE est cruciale, puisqu'elle couvre l'entretien et la maintenance de l'ensemble du parc EDF français et de la Compagnie Nationale du Rhône. Il faut également mentionner la filière Hydro d'EDF pour les gros contrats à l'exportation – je pense en particulier au contrat Nachtigal au Cameroun –, tandis qu'en matière de régulation des réseaux électriques, nous sommes spécialistes des centrales de turbinage et de pompage qui permettent par exemple de pallier l'insuffisance de vent dans le cas de l'énergie éolienne, ou de compenser l'alternance jour-nuit dans le cas des centrales nucléaires. Je citerai enfin la filière éolienne offshore avec les contrats EDF de Cherbourg, et la filière nucléaire, puisque nous assurons l'entretien et la maintenance du parc français, et sommes également présents à l'exportation. On comprend donc pourquoi le dernier comité central d'entreprise (CCE) d'EDF, qui est un client majeur, s'est inquiété des annonces de GE et pourquoi la direction de l'électricien a fait savoir qu'elle voulait rencontrer ses dirigeants et obtenir des garanties.

Selon la CFDT, la France doit conduire une politique volontariste de développement de sa filière hydraulique. Un pôle d'excellence « Hydro » pourrait être mis en place : il regrouperait les différentes entreprises de la filière pour leur permettre de répondre collectivement aux appels d'offres. Engagé dans la transition énergétique, notre pays ne peut faire une croix sur l'hydraulique, qui est la première des énergies électriques renouvelables. Des perspectives existent à l'exportation mais aussi sur le sol national, qu'il s'agisse de l'amélioration de la performance installée ou du développement de la micro-hydraulique et de l'énergie marémotrice.

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