Intervention de Jean-Bernard Harnay

Réunion du mercredi 6 décembre 2017 à 16h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Jean-Bernard Harnay, délégué syndical CFDT au comité de groupe GE France :

Je vous parlais d'une augmentation de 28 % : elle est due à un transfert de plan de charge. Si GE le veut, il peut faire en sorte qu'il n'y ait pas charge à Grenoble. Il y avait déjà une différence évidente entre le coût d'un salarié français et celui d'un salarié indien mais si le premier n'a plus de charge de travail, son taux horaire augmentera tandis que le celui du second diminuera s'il récupère sa charge – C.Q.F.D.

M'étant rendu en Chine en avril dernier pour donner un coup de main à mes collègues chinois, j'ai pu constater que le marché chinois avait des plans de charge décennaux. Cinquante-deux machines turbines-pompes viennent ainsi d'arriver pour dix centrales. Le marché n'est donc pas amorphe – il est même en croissance – mais par nature cyclique. Il y a des années de creux, juste avant le déclenchement d'un plan décennal puis tout d'un coup, les commandes arrivent et bien sûr, nous postulons. Dire que le marché chinois est amorphe, c'est du grand n'importe quoi ! Deux grandes régions du monde ont une capacité hydraulique non équipée : la Chine et l'Amérique du Sud. Les Chinois ont besoin de développer cette source d'énergie. Ils savent très bien que leurs usines à charbon polluent. Chacun a pu le constater pendant les Jeux olympiques de Pékin. Le sujet est d'ailleurs à la une des journaux télévisés : la ville de Pékin est asphyxiée – et Delhi connaît aujourd'hui la même situation. Pour avoir énormément travaillé en Chine, je peux vous dire que les clients chinois sont très intéressés par les énergies renouvelables. Qui plus est, les turbines-pompes des machines hydroélectriques permettent de réguler les réseaux : en cas de demande importante, on peut produire de l'électricité en turbinant et, inversement, pomper et stocker l'énergie lorsqu'il y en a trop sur le réseau. Imaginez que demain, on ait un parc d'éoliennes représentant 30 à 50 % de l'énergie produite : que faites-vous le jour où il n'y a pas de vent ? Vous n'allez pas demander aux consommateurs de décongeler les produits qu'ils conservent et de cesser d'utiliser leur voiture électrique. Il faut bien, à un moment donné, compenser le manque de vent. Les centrales hydroélectriques à turbines-pompes offrent précisément une solution à grande échelle. Certes, la production d'énergie nucléaire se fait jour et nuit mais si le vent s'arrête de souffler, il faut être en mesure de réagir très vite et donc avoir une centrale que l'on peut faire démarrer et arrêter ponctuellement. Bien sûr, on peut adapter les centrales existantes mais il faudra de toute façon répondre aux besoins du marché.

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