Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du jeudi 20 juillet 2017 à 9h35
Débat d'orientation des finances publiques pour 2018

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

mes chers collègues, pour redresser les finances publiques, nous avons besoin d'avoir les idées claires, et je profiterai de ces cinq modestes minutes pour essayer d'éclaircir le débat.

Le Gouvernement fait preuve de beaucoup de volontarisme. À ce stade, nous avons plus de questions que de réponses. Aussi vous poserai-je quinze questions sur l'orientation des finances publiques.

La semaine dernière, vous avez présenté plus de 3 milliards d'annulations de crédits : 47 % concernent des missions régaliennes, alors même que le Président se déploie plus que jamais sur la scène internationale. Visiblement, il s'agit d'une priorité plus politique que budgétaire. Pourquoi avoir concentré l'essentiel de l'effort sur les ministères régaliens ? Un simple décret d'avance, inopportun, a eu raison d'un chef d'état-major très respecté. Après ces coupes, quel sera le budget de l'armée hors surcoût des opérations extérieures en 2018 ?

Vous comptez également prendre des « mesures correctrices » pour un montant de 1 milliard, mais que se cache-t-il réellement derrière ces dispositions très opaques, en particulier celles relatives aux aides publiques au logement ? Selon le rapport préparatoire, des économies seront réalisées sur la baisse du nombre de contrats aidés. Pourtant, vous allez en créer plus que les 280 000 prévus. Comment pouvez-vous économiser 300 millions avec encore plus de contrats aidés ?

Alors que l'économie européenne se porte mieux, vous continuez d'augmenter ces emplois aidés. N'avez-vous pas confiance en votre réforme du code du travail et vos mesures fiscales ? Baisserez-vous le nombre d'emplois aidés en 2018 ?

En 2018, vous souhaitez diminuer la pression fiscale sur les ménages, et je m'en réjouis, mais vous avez l'air fâché avec les chiffres. Vous voulez réaliser 20 milliards d'économies alors que la Cour des comptes dénonce une dérive des dépenses publiques proche de 30 milliards d'euros chaque année. Et il faut y ajouter les 11 milliards d'euros de baisse d'impôts en 2018 que vous avez promises, ainsi que les nouvelles dépenses annoncées : l'augmentation de l'allocation adulte handicapé, la revalorisation du minimum vieillesse, la prime d'activité. À la fin, il manque 30 milliards. Quel sera donc exactement l'ampleur de l'effort à réaliser en 2018 ?

Du côté des hausses d'impôts, plusieurs questions se posent, notamment dans le domaine de la fiscalité énergétique. Vous avez annoncé deux dispositifs distincts : le rehaussement de la trajectoire de la contribution climat énergie et l'alignement des prix du diesel sur les prix de l'essence. Ce n'est pas clair : quelle sera l'augmentation du prix du litre de diesel pour les conducteurs français ?

Du côté de la hausse de 20 % de la CSG, rien n'est clair non plus. Il est question d'une hausse sans compensation pour les retraités. Pourquoi est-ce une urgence absolue de baisser le pouvoir d'achat des retraités ? Je ne l'ai toujours pas compris. Il ne fera pas bon, en 2018, être retraité, rouler au diesel et fumer. Très mauvais profil de citoyen !

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