Intervention de Joël Aviragnet

Séance en hémicycle du mardi 25 mai 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Situation des lycéens et des étudiants

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoël Aviragnet :

Ma question concerne la situation de grande détresse de nos lycéens. Permettez-moi de vous lire la lettre des élèves du lycée Bagatelle de Saint-Gaudens, dans ma circonscription. Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, je vous demande d'entendre leur détresse car je ne pense pas que la situation qu'ils décrivent se limite à ce seul lycée. C'est de notre jeunesse qu'il s'agit :

« Nous vous écrivons de Saint-Gaudens, sous-préfecture de Haute-Garonne. Nous sommes un groupe de manifestants actifs depuis début mai et, à notre échelle, nous subissons et constatons maintenant depuis près d'un an de grandes difficultés scolaires et de grands préjudices moraux, et c'est pour cela que nous manifestons. Nous sommes aujourd'hui à bout de souffle. Face à nos cris, d'une part nous avons récolté des menaces venant de certains professeurs et des forces de l'ordre – qui, d'ailleurs, sont intervenues depuis –, mais, bien heureusement, d'autre part, nous avons reçu le soutien de nombreux professeurs, et même l'approbation de plusieurs parents d'élèves, ou encore de syndicats.

« Nous ne sommes pas une dizaine d'élèves ne voulant pas aller en cours. Nous sommes des étudiants réfléchissant sur leur situation quotidienne. Nous sommes des étudiants vivant chaque jour depuis près de deux ans une situation invivable, poussant d'ailleurs certains à la dépression, et même au suicide » – cf. l'enquête Ipsos qui rappelle que 29 % des jeunes ont évoqué des pensées suicidaires, selon un article du Figaro.

« Cette situation est ignorée par l'éducation nationale. Aucun dispositif supplémentaire n'a été créé ces dernières années et les étudiants souffrent et continueront de souffrir si nous ne faisons rien.

« Nous avons plusieurs revendications concrètes concernant notre avenir, notre réussite, notre santé et notre vie actuelle comme future.

« Alors, en ce moment même, nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes simplement regardés et non entendus. Nous sommes pourtant organisés, respectueux, clairs et, surtout, déterminés.

« Ce manque de compréhension générale se mêle au mépris dont fait preuve l'éducation nationale envers nous car, jusqu'ici, nous n'avons reçu de votre part que de l'ignorance. Les syndicats que vous avez reçus n'étaient pas les syndicats nous représentant, nous les lycéens et étudiants manifestants. Vous avez choisi, constatant le mécontentement des étudiants, non pas les syndicats initiateurs du mouvement, mais d'autres syndicats, plus passifs et dont vous êtes plus proche. C'est, encore une fois, une preuve de mépris et d'ignorance envers nous. C'est ce que nous reprochons à l'éducation nationale. C'est bien cela le manque d'écoute – le manque d'écoute qui a fait perdre de nombreux étudiants au pays, le manque d'écoute qui nous consterne et nous pousse à manifester. C'est pourquoi nous vous faisons part aujourd'hui de notre envie de réussir et, plus encore, de notre mal-être.

« Nos revendications sont les suivantes pour remédier à la situation de crise que vivent lycéens comme étudiants. D'abord, le passage en contrôle continu de plusieurs épreuves, contrôle continu concernant les épreuves pour les étudiants en BTS, concernant les épreuves pour les lycéens de Première en section générale, dont les épreuves de français, oral et écrit. Ensuite, création de cellules d'aide psychologique pour les lycéens et étudiants dans les établissements, quoi qu'il en coûte, et quoi que cela coûte, pour les soutenir dans le passage difficile de la crise.

« L'écoute et le dialogue sont les meilleures solutions à la crise que nous vivons car c'est une crise scolaire et psychologique que beaucoup d'entre nous traversent, celle-ci découlant de la crise sanitaire. Ne nous méprisez pas.

« Enfin, nous vous le demandons, quels sont vos objectifs, quelles sont vos raisons de nous accabler de cette pression, de ces épreuves qui nous paraissent insurmontables au vu de nos capacités actuelles ? »

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.