Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du lundi 18 décembre 2017 à 16h00
Accord de partenariat entre l'union européenne et le kazakhstan — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, madame la présidente de la commission, mes chers collègues, l'accord de partenariat et de coopération entre l'Union européenne et ses États membres, d'une part, et la République du Kazakhstan, d'autre part, dont nous discutons cet après-midi constitue une pierre de plus dans la stratégie d'influence européenne en Asie centrale. Le Kazakhstan occupe une place géographique et donc stratégique fondamentale au carrefour de l'Asie et de l'Europe. Situé entre la Chine et la Russie, ce pays a compris, depuis l'effondrement de l'Union soviétique, que sa place était importante ; il s'est constitué une solide diplomatie, qui oeuvre toujours avec cette idée en tête.

Les grandes puissances ne s'y trompent pas : la nouvelle route terrestre dite « de la soie », promue par la Chine pour sécuriser l'acheminement de ses marchandises vers l'Europe et l'Afrique, traverse le Kazakhstan, qui en est le pilier géographique incontournable. C'est d'ailleurs à Astana, capitale kazakhe, que le futur président chinois Xi Jinping annonça, en 2013, la mise en place de cette nouvelle route de la soie.

Avec les milliards de dollars d'investissements qui l'accompagnent, elle constitue une aubaine pour le Kazakhstan, qui connaît une période de très fort ralentissement économique. Son PIB représente 70 % du PIB régional et sa croissance est la plus dynamique d'Asie centrale, mais elle est tombée d'une moyenne proche de 10 % avant 2008 à seulement 1 % en 2016, à cause d'une trop grande dépendance à l'égard des exportations de pétrole et du marché russe.

Plus globalement, la Chine avance plus vite que l'Union européenne dans cet État : depuis quelques années, un grand nombre d'entreprises chinoises ont pris des participations voire ont acheté – elles commencent à en avoir l'habitude – des entreprises kazakhes dans le domaine pétrogazier.

L'ouverture aux investissements chinois, américains et européens permet au président Nazarbaïev de maîtriser une politique étrangère dite « multivectorielle », comme vous l'avez indiqué, monsieur le secrétaire d'État. Celle-ci consiste à attirer les capitaux étrangers en s'ouvrant à tout le monde simultanément, si bien que l'État satisfait les demandes des grandes puissances tout en obtenant peu à peu son indépendance vis-à-vis de la tutelle russe – la diplomatie kazakhe est équilibriste. Pour cela, ce pays de 10 millions d'habitants seulement – compte tenu de sa superficie, il reste de la place – s'appuie très largement sur ses très nombreuses ressources fossiles, en pétrole, en gaz, mais aussi, bien évidemment, en uranium.

La Chine et l'Europe voient dans l'accès aux ressources kazakhes un habile moyen de diversifier leur approvisionnement en pétrole et en gaz, ce qui donne aussi la possibilité de se passer des monarchies du Golfe, en cette période de regain des tensions régionales entre l'Iran, Israël et l'Arabie saoudite. C'est pour cela que l'Union européenne s'intéresse de près à ce pays qui, en grandissant, prendra une place de plus en plus importante dans cette région clé pour le commerce mondial de demain.

Toutefois, le pays est handicapé par son système politique, qui repose sur un seul homme : le président de la République Noursoultan Nazarbaïev. Celui-ci dirige le pays depuis février 1990 – cela a été dit – et était auparavant, depuis 1984, premier ministre de la République socialiste soviétique kazakhe.

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