Intervention de Arnaud Montebourg

Réunion du mercredi 13 décembre 2017 à 17h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Arnaud Montebourg, ancien ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique :

Pour répondre à M. Lachaud, je dirai que l'alliance entre Safran et General Electric a permis de développer les usines aux États-Unis et en France, et d'obtenir à l'échelle mondiale les marchés de Boeing et d'Airbus. C'est une réussite industrielle extraordinaire : toutes les deux secondes, il y a un moteur, développé par Safran Aircraft Engines et GE, qui atterrit ou décolle quelque part dans le monde ! La part de chaque société au sein de la structure commune n'a pas été un problème, elles ont réussi à s'entendre sur ce point.

Le vrai problème était ailleurs, comme je l'ai compris lors d'une conversation avec M. Kron : les choses ne pouvaient pas fonctionner, dès lors qu'on cherchait à imposer à Alstom des alliances – avec Siemens, puis avec General Electric. Effectivement, en pareil cas on doit faire face à un problème de gouvernance qui, de mon point de vue, ne peut se régler qu'en dégageant le dirigeant et en prenant le contrôle de la société. Il ne faut avoir aucun complexe à mettre l'État au milieu du village France, car c'est notre ADN. Sans État, vous n'avez rien, et chacun continue à faire ce qu'il veut dans son coin. Avec l'État, vous avez un minimum de structuration – c'est ce qu'ont compris les dirigeants depuis des siècles dans d'autres pays, quelle que soit la forme du régime. J'insiste sur le fait que nous avons besoin d'assumer ce rapport à l'État, et je pense que nous pouvons tous nous mettre d'accord là-dessus. Pour ma part, j'ai toujours milité en faveur d'une stratégie basée sur une position transpartisane.

Je crois avoir répondu à la question de M. Sommer au sujet du fait qu'Alstom est actionnaire dormant au sein des coentreprises. Le PDG d'Alstom lui-même, M. Poupart-Lafarge, a exprimé publiquement sa volonté de se séparer des coentreprises et, aussi étonnant que cela puisse paraître, personne ne s'en est jamais offusqué – j'espère que vous allez le sermonner quand vous le verrez, monsieur le président : je vous confie ce mandat, si j'ai encore le pouvoir de le faire !

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