Intervention de Anne-France Brunet

Séance en hémicycle du mardi 2 novembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Plan de relance ; plan d'urgence face à la crise sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-France Brunet, rapporteure pour avis de la commission des affaires économiques :

Le budget de la mission "Plan de relance" représente un peu plus d'un tiers des crédits du plan de relance. Pour rappel, la mission rassemble les trois programmes Écologie, Compétitivité et Cohésion. Toutes les autorisations d'engagement qui y sont attachées ont été ouvertes au sein de la loi de finances pour 2021. Le PLF pour 2022 contient donc surtout des crédits de paiement, pour 12,9 milliards d'euros. La mission prévoit néanmoins 1,2 milliard d'euros d'AE, issues de redéploiements.

Quel est le bilan quantitatif et qualitatif du plan de relance ?

Sur le plan quantitatif, la loi de finances pour 2021 avait ouvert 36 milliards d'autorisations d'engagement et 21 milliards de crédits de paiement, alors que l'on pouvait douter que ces sommes importantes seraient fortement engagées ou décaissées en une année. Or nous constatons, chiffres à l'appui, que cela a été largement le cas. C'est une bonne chose. Sur l'ensemble du plan de relance, 47 % des crédits ont été engagés, soit 47 milliards. La cible de 70 % de crédits engagés à la fin de l'année 2021 semble réaliste. Sur le plan macroéconomique, la hausse de la prévision annuelle de croissance à 6,25 % témoigne de la dynamique créée par le plan France relance.

Sur le plan qualitatif, les acteurs économiques ont largement salué les mesures du plan de relance, tant pour le niveau inédit des montants engagés et la simplicité d'accès aux guichets, que pour la volonté des pouvoirs publics de les associer à la construction et au suivi du plan. Je m'en réjouis, la solidarité de crise a fait tomber les barrières habituelles et motivé chacun pour travailler ensemble.

Néanmoins, plusieurs axes d'amélioration doivent être pris en compte. Premièrement, au début de la relance, de nombreux guichets ont dû être fermés, en raison d'un niveau trop élevé de demandes. Cela traduit un sous-dimensionnement des premières enveloppes. Deuxièmement, la logique des appels à projets, qui est pertinente, reste assez discriminante envers certains acteurs. Veillons à ce que ceux qui en ont le plus besoin ne soient pas dépassés par d'autres plus agiles, car mieux insérés. Troisièmement, le bénéfice du plan de relance est inégal d'un territoire à l'autre, de même que le reporting sur les mesures impliquant les collectivités. Cela ne permet pas un suivi aussi fin que souhaité. Enfin, la vertu budgétaire du plan de relance, géré au sein des ministères dans une logique de moyens constants, a parfois trouvé ses limites, car la charge de travail était trop élevée. L'enjeu de la relance pour 2022 sera moins d'ajouter des fonds, que de s'assurer que la machine ne s'enraye pas face au succès de certains dispositifs comme MaPrimeRénov'.

Évoquons succinctement les trois volets du plan de relance, consacrés à l'agriculture, à la rénovation énergétique et au numérique, que j'ai étudiés cette année.

Pour le volet agricole, avec 1,3 milliard de crédits engagés, le succès est réel. La majorité des dispositifs a connu et connaît une forte demande. Le plan de relance couvre un large spectre de sujets : la protection contre les aléas climatiques, l'investissement dans les forêts, les mesures relatives à la pêche, ou encore la création d'une prime à la conversion des agroéquipements. Dans l'ensemble, le bilan est bon, à l'exception de rares dispositifs qui restent en retrait, à l'instar du plan de soutien aux cantines scolaires, dont le déploiement décevant doit évoluer. Il semble par ailleurs utile d'abonder et de faire évoluer des dispositifs comme la prime à la conversion des agroéquipements. J'ai déposé un amendement en ce sens.

Pour le volet rénovation énergétique, MaPrimeRénov', avec plus de 700 000 dossiers déposés et 2 milliards d'euros engagés prouve son vif succès. La mesure de rénovation énergétique des bâtiments de l'État a également été fortement sollicitée avec 4 214 lauréats sur plus de 6 000 dossiers ; le montant total de la demande était de plus de 8 milliards, soit le double de l'enveloppe disponible. En revanche, MaPrimeRénov' copropriétés est un échec, puisque seulement vingt-neuf dossiers ont été déposés. Il est impératif de faire évoluer ses modalités.

Enfin, sur le volet numérique, avec 2,3 milliards, le plan de relance a permis de soutenir le déploiement des réseaux, l'inclusion numérique et des projets ambitieux de numérisation et de modernisation des administrations publiques, mais aussi de donner un coup d'accélérateur à l'accompagnement vers le numérique des TPE et des PME – des très petites entreprises et des petites et moyennes entreprises.

Pour conclure, je salue l'effort fourni dans le cadre de la relance pour privilégier les solutions françaises et européennes – les auditions menées ont fait apparaître cette volonté constante.

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