Intervention de Sylvie Charrière

Séance en hémicycle du mercredi 17 janvier 2018 à 15h00
Questions sur l'enseignement du premier degré

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Charrière :

Monsieur le ministre, les récents résultats de l'enquête PIRLS – Progress in International Reading Literacy Study –, qui porte sur la compréhension écrite en CM1, dans laquelle la France est passée de la quinzième à la trente-quatrième place en seulement dix ans, constituent un électrochoc nécessaire pour engager des évolutions concernant l'apprentissage de la lecture dans notre pays.

Avant même d'avoir eu connaissance de ces résultats, la mesure visant à dédoubler les classes de CP et CE1 en REP et en REP+ s'est clairement attachée à favoriser l'individualisation de l'enseignement, et les premières remontées du terrain sont extrêmement positives. Dans le système d'apprentissage actuel, c'est au CP et au CE1 que la lecture doit être acquise. Cependant, les écarts de maîtrise de la langue à l'entrée au CP étant déjà importants, il semble judicieux et nécessaire de s'intéresser à l'enseignement en amont. Vous vous êtes également saisi de cette problématique en créant un conseil scientifique pour améliorer les contenus et partager les bonnes pratiques pédagogiques et éducatives, notamment à travers les futures Assises de la maternelle.

Mais cela sera-t-il suffisant ? Un éminent spécialiste en neurosciences constate qu'entre deux et trois ans, du fait de la plasticité du cerveau, un enfant est capable d'apprendre n'importe quelle langue mais que, durant cette courte période, il acquiert entre 100 et 500 mots ainsi que des règles de grammaire. Une directrice d'école maternelle en REP+ de Seine-Saint-Denis déclare qu'en première année de maternelle, un tiers des élèves de trois ans ne parlent pas français et qu'un tiers rencontrent des difficultés d'adaptation par manque de socialisation. C'est pourquoi la scolarisation des enfants dès l'âge de deux ans, plus particulièrement en REP+ et dans les quartiers visés par la politique de la ville, peut constituer un levier important dans la lutte contre les inégalités à l'école et grandement favoriser la réussite future des élèves.

Nous avons bien conscience que la politique volontariste conduite par la précédente majorité en vue d'encourager la scolarité des enfants de moins de trois ans n'a pas donné satisfaction, celle-ci n'ayant augmenté que d'un point entre 2012 et 2016. Néanmoins, ne serait-il pas judicieux, monsieur le ministre, de mener une enquête approfondie sur les raisons de cet échec, afin de développer une nouvelle politique plus efficace pour accroître significativement le nombre d'enfants scolarisés dès l'âge de deux ans dans notre pays ?

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