Intervention de Général Jean-Pascal Breton

Réunion du mercredi 20 décembre 2017 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Jean-Pascal Breton, commandant interarmées de l'espace :

S'agissant des paquets capacitaires dans le cadre de l'OTAN, de la PESCO ou plus généralement de l'Union européenne, nous sommes en train d'élaborer diverses propositions, qui n'ont pas été retenues à ce stade. Mais nous pouvons aussi compter sur l'initiative européenne EUSST. La question est avant tout de trouver le bon canal pour traiter de ces sujets.

La défense nationale française s'intéresse évidemment aux microsatellites tout comme aux nanosatellites et aux picosatellites et à leur emploi. Le CNES et la DGA ont noué des partenariats avec des universités qui développent ce type de satellites. Certaines de nos forces commencent à exprimer des besoins en la matière. Ce qui nous importe, c'est la mise à disposition des informations au plus près de l'utilisateur final à un moindre coût. Si la fabrication des microsatellites n'est pas très onéreuse, leur lancement engage des dépenses d'un tout autre niveau et leur durée d'exploitation n'est pas la même que les satellites classiques. Nous sommes attentifs à leur développement tout autant qu'à celui d'autres systèmes, comme les ballons en haute altitude. L'enjeu pour nous est d'assurer une complémentarité entre les divers moyens envisageables et d'éviter les redondances.

S'agissant des cadres, Monsieur Michel-Kleisbauer, je ne peux répondre que pour ceux qui sont militaires. L'industrie spatiale est un petit monde au sein duquel des professionnels font toute leur carrière. J'ai peu d'exemples de cadres qui soient partis ailleurs. Au sein des armées, il n'y a pas de filière spatiale structurée ; nous sommes en train de la mettre en place. Il nous a été demandé de déterminer rapidement la nature exacte des compétences, des formations et des profils que nous recherchons. J'ai reçu mission et mandat pour ce faire.

Pour ce qui est des lanceurs, la réutilisation est une question débattue en ce moment. Mon besoin n'est pas d'avoir un lanceur réutilisable, mais un lanceur qui coûte le moins cher possible : toute la question est de savoir quelle est la technologie qui permet de répondre à ce critère. Vous avez sans doute vu dans la presse que Stéphane Israël évoquait la possibilité de réutiliser certains étages d'Ariane 6 ; des travaux sont menés en ce sens. Nous sommes attentifs à cet aspect mais l'objectif final reste d'abaisser les coûts et d'être assuré d'un accès robuste aux lanceurs.

Je termine avec la question sur le terrorisme. Jusqu'à une date récente, l'espace était réservé aux grandes puissances, qui seules disposaient des capacités industrielles et des moyens nécessaires. Désormais, des investisseurs privés commencent à s'y intéresser. L'accès à l'espace est donc de plus en plus ouvert ; les menaces que j'ai évoquées ne sont pas pour autant accessibles au commun des mortels. Évidemment, il est toujours possible d'agir contre une partie du segment, mais globalement, la sécurité du segment est assurée. Nous ne nous attachons donc pas à ce type de menaces mais plutôt aux actions menées par des pays souverains capables de le faire, et au risque de prolifération, pour éviter que des pays proliférants ne parviennent à des niveaux de capacité analogues. Pour le reste, nous sommes relativement bien protégés.

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