Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 15h00
Stratégie de l'union européenne pour la décarbonation de l'électricité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Le néolibéralisme, c'est merveilleux !

Le néolibéralisme, c'est cette doctrine appliquée par la Commission européenne. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à une règle, à une norme ou, pire, à un monopole public, lui donne de l'urticaire. Alors, elle déréglemente, elle libéralise. Car pour la Commission européenne, il faut libérer les énergies !

C'est précisément ce qu'elle a fait dans le domaine qui nous occupe aujourd'hui : l'énergie. Avant, l'entreprise publique EDF mutualisait les coûts et investissait sur le long terme ; bref, elle œuvrait pour l'intérêt général. EDF produisait l'électricité et la revendait aux consommateurs et aux entreprises.

Mais c'était trop pour la Commission européenne, furieuse de ne pas voir appliqué le mythe de la concurrence pure et parfaite. Alors, comme toujours, elle a déréglementé et libéralisé. Résultat : entre 2007 et 2020, les prix de l'électricité ont augmenté de 50 % en France. Le néolibéralisme, c'est merveilleux !

C'est si merveilleux que l'État a dû intervenir ces derniers mois pour contenir la flambée des prix. Sans intervention de la puissance publique, la hausse de l'électricité se serait élevée à 44 %. Avec la mise en concurrence, les fournisseurs privés se sont multipliés, entraînant des frais supplémentaires étant donné qu'ils ne font rien d'autre qu'acheter et revendre de l'électricité. En bref, ce ne sont que des parasites qui ne servent qu'à une chose : engraisser les actionnaires. TotalEnergies vient d'ailleurs d'annoncer un résultat de 15 milliards d'euros en 2021, en pleine crise énergétique.

Le néolibéralisme, c'est donc merveilleux, mais pas pour tout le monde. Cela l'est moins pour les 12 millions de personnes en situation de précarité énergétique qui peinent à payer leurs factures. Cela l'est moins pour les 4,8 millions de familles qui vivent dans des passoires thermiques.

Les Français sont nombreux à ne pas pouvoir se permettre d'allumer le chauffage et à se couvrir de plaids, de pulls et de manteaux à la maison. L'hiver dernier, déjà plus d'un Français sur deux avait été obligé de limiter son chauffage pour faire baisser sa facture d'énergie. Le Médiateur national de l'énergie indique que cette population avait doublé en deux ans.

Le Gouvernement n'en a que faire. Le marché d'abord : voilà la promesse du néolibéralisme ! C'est pour cette raison que cette doctrine n'est pas une merveille, mais une calamité ; un désastre sur le plan humain, social et environnemental.

Le marché détraqué de l'énergie empêche toute politique sérieuse de décarbonation et de bifurcation écologique. Comment imaginer que l'instabilité et la volatilité extrêmes des prix permettront au secteur de l'énergie d'effectuer les investissements nécessaires ?

La conséquence, madame la secrétaire d'État, est que la France est le seul pays de l'Union européenne à ne pas avoir atteint ses objectifs en matière d'énergies renouvelables, lesquelles n'ont représenté que 19 % de la consommation finale brute d'énergie, ce qui est loin, très loin de l'objectif de 23 % que le Gouvernement avait fixé.

Quand il s'agit des énergies renouvelables, le Gouvernement traîne les pieds. En revanche, quand il faut défendre le nucléaire, on voit le Président de la République courir à grandes enjambées. Dans ce domaine, il est sans foi ni loi ! Emmanuel Macron est prêt à magouiller avec les régimes hongrois et polonais pour sauver le soldat nucléaire et l'intégrer, avec le gaz, dans la taxonomie verte européenne.

Emmanuel Macron et Viktor Orban : l'extrême marché et l'extrême droite, main dans la main pour faire triompher les intérêts des lobbies sur l'intérêt général. Ces manœuvres honteuses doivent cesser. Nous devons instaurer une planification écologique qui parte des besoins des gens et non des besoins des puissances de l'argent. Pour cela, il est impératif de construire un pôle public de l'énergie, car partout où elle passe, l'idéologie néolibérale ne fait que semer le chaos.

Il faut renationaliser EDF et Engie et cesser de faire confiance à des marchés devenus fous. Nous devons engager le passage vers 100 % d'énergies renouvelables d'ici à 2050 et fermer notre dernier réacteur nucléaire en 2045. Surtout, nous devons immédiatement bloquer les prix de l'électricité, du gaz et des carburants.

Rappelez-vous qu'il a suffi d'une étincelle pour que le peuple se soulève. J'ai entendu dire que certains étaient de retour sur les ronds-points. Madame la secrétaire d'État, méfiez-vous toujours du peuple qu'on maltraite !

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