Intervention de Sabine Thillaye

Séance en hémicycle du lundi 22 janvier 2018 à 17h00
Nouveau traité de l'Élysée — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Thillaye, présidente de la commission des affaires européennes :

A priori, beaucoup de choses opposaient ces deux hommes, à commencer par leur positionnement politique. Pourtant, au-delà de leurs différences, ils partageaient en commun l'intime conviction que la construction européenne et l'amitié franco-allemande sont deux biens nécessaires et précieux. Si chacun retiendra l'image de ces deux hommes se tenant la main devant cet ossuaire, façon d'affirmer « Plus jamais ça ! », si cette image a fait le tour du monde, c'est parce qu'elle évoque l'espoir, et encore aujourd'hui, l'espoir que s'il y a des zones de conflit dans ce monde, ces conflits peuvent être dépassés, qu'ils ne sont pas une fatalité, que la réconciliation et la coopération sont possibles. La réconciliation franco-allemande demeure à cet égard un exemple.

Que de chemin parcouru ! Il y a trente-cinq ans, je ne pense pas qu'il aurait été possible que se tienne ici, devant vous, une élue franco-allemande de la nation française. Quelle preuve de confiance de la part de l'électeur français, qui honore et qui oblige !

Ce matin à Berlin, et ce soir ici à Paris, nous nous apprêtons à poser une nouvelle pierre à l'édifice franco-allemand. La proposition de résolution que nous examinons donne une nouvelle ambition à un avenir européen commun. La balle a été prise au bond par nous, les parlementaires, pas seulement par les gouvernements, car nous avons une responsabilité particulière : nous sommes en face des électeurs dans nos circonscriptions, et nous devons leur expliquer nos démarches et dialoguer.

Ce projet de résolution de l'Assemblée nationale et du Bundestag est l'aboutissement d'un dialogue et d'un travail collectif sous la présidence de François de Rugy et de Wolfgang Schäuble. Je tiens à remercier particulièrement les collègues allemands de leur engagement, de leur enthousiasme. Nous avons eu peu de temps pour rédiger cette proposition de résolution et organiser cette journée, mais nous avons réussi. Nous réaffirmons ainsi notre volonté d'agir ensemble pour l'Europe. Mais nous devons aussi chercher une nouvelle qualité dans nos relations et dans notre travail commun, ne pas chercher à imposer nos points de vue mais dialoguer et rechercher la complémentarité.

Le texte de cette résolution est en fait un document de travail, qui nous invite à devenir beaucoup plus concrets et fixe des objectifs précis.

Ces objectifs ayant déjà été largement évoqués par les intervenants précédents, j'aimerais insister sur la question de la jeunesse. C'est en effet par celle-ci que nos peuples prendront conscience du fait que nos différences ne sont pas des obstacles, mais notre meilleur atout. Pour l'Europe, l'interculturalité est en effet à la fois une chance, un vecteur d'innovation et de progrès et un outil indispensable dans un monde en profonde mutation. Elle bouscule nos habitudes et nous invite à penser le monde différemment et, pour avancer, à le voir à travers un autre prisme et d'autres lunettes.

L'amitié ne se décrète pas, elle se construit : s'ouvrir à l'autre et tâcher de le comprendre, c'est aussi s'initier à sa langue ainsi qu'à sa culture. Comme le propose la résolution, il est indispensable de développer les classes bilingues et bilangues, les « Abibac », les jumelages et, au-delà, toutes les opportunités de mobilité.

Un autre enjeu majeur est, à mon sens – parce que le monde change et est en pleine mutation – de travailler ensemble sur les innovations de rupture que sont l'intelligence artificielle, la cybersécurité, l'ordinateur quantique ou les neurosciences. La révolution numérique nous impose un changement d'échelle qui nous incite à mutualiser nos moyens comme nos idées. Ce n'est qu'à cette condition que nous serons en mesure de nous imposer demain face à la Chine et à l'Inde qui, aujourd'hui, investissent davantage dans les technologies d'avenir que les États-Unis !

La question qui se pose également est également la suivante : sommes-nous des sociétés vieillissantes qui ne veulent plus prendre de risques, pratiquent la politique de l'autruche et sont installées dans leur zone de confort, ou voulons-nous aller de l'avant ?

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