Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mardi 23 janvier 2018 à 9h30
Questions orales sans débat — Pollution du fort de vaujours

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Ma question s'adressait initialement à M. le Premier ministre.

Occupé par le Commissariat à l'énergie atomique – CEA – entre 1955 et 1997, le fort de Vaujours a été le théâtre de multiples expériences, dont des tirs à l'uranium à l'air libre et dans des casemates. Ces essais sont aujourd'hui classés « secret défense ».

En 2010, l'État a vendu 30 hectares du fort de Vaujours à la société Saint-Gobain, par l'intermédiaire de sa filiale BP Placo, pour exploiter les sols et en extraire la réserve de gypse, essentielle à sa production industrielle. La transformation en carrière de gypse implique la destruction des bâtiments et le déplacement de plusieurs dizaines d'hectares de terres. Pourtant, ni une véritable dépollution du site ni la transparence que sa gestion implique ne sont assurées. Preuve, s'il en faut : des déchets radioactifs y ont été découverts cet été.

Par ailleurs les habitants de Courtry, à proximité du fort, restent en proie aux questionnements quant à une proportion énorme de décès par tumeurs cancéreuses : 52 % pour les hommes, contre 35 % en moyenne en Île-de-France, et 49 % pour les femmes contre 28 %.

Je me joins aujourd'hui à de nombreux citoyens, au collectif « Sauvons la Dhuis » ainsi qu'à plusieurs élus locaux qui demandent l'arrêt immédiat de l'exploitation des sols par la société Placoplatre et demandent officiellement la levée du secret défense concernant les essais qui s'y sont tenus.

Depuis 2005, la France a inscrit dans le code de l'environnement le principe du pollueur-payeur selon lequel les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur. Comment la République française, qui a constitutionnalisé en 2004 le droit de chacun à vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé, a-t-elle pu vendre à un acteur lucratif un site pollué dont l'intérêt commercial est d'exploiter au plus vite le gypse présent sous terre et dont le métier n'est pas d'assainir le site de la radioactivité diffuse ? Pourquoi se retrouve-t-on aujourd'hui dans une situation où ce sont les associations, les élus et les citoyens qui doivent se mobiliser pour obtenir une dépollution et des réponses sur les expériences réalisées ?

Madame la secrétaire d'État auprès de la ministre des armées, saurez-vous être à la hauteur de la situation et assumerez-vous la responsabilité de l'État ? Vous engagez-vous à faire toute la lumière sur ces essais, à arrêter les travaux de Saint-Gobain et à payer l'assainissement réel du site ? Vous n'êtes pas responsable des actions passées mais vous avez le pouvoir de réunir les conditions de la vérité et d'assurer à nos concitoyens un environnement sain et des conditions de vie digne.

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